Ankara, proche allié et principal partenaire économique de Mogadiscio, aidera le pays à défendre son littoral et à reconstruire ses forces navales.
Le gouvernement et le Parlement somaliens ont approuvé un accord de défense avec la Turquie, mercredi 21 février, sur fond de tensions régionales entre Mogadiscio et son voisin éthiopien, qui a signé un accord avec la région séparatiste du Somaliland.
Dans le cadre de cet accord de défense d’une durée de dix ans, la Turquie, membre de l’OTAN et proche alliée de la Somalie, aidera à défendre le littoral et à reconstruire les forces navales de ce pays instable de la Corne de l’Afrique, a déclaré le président Hassan Cheikh Mohamoud à la suite d’une session conjointe du Parlement. « L’accord soumis au Parlement aujourd’hui porte uniquement sur la coopération entre la Somalie et la Turquie en matière de défense maritime et d’économie. Il ne vise en aucun cas à créer de la haine ou une querelle avec un autre pays ou gouvernement », a-t-il déclaré.
Les tensions sont fortes entre les deux voisins depuis un rapprochement entre l’Ethiopie et le Somaliland matérialisé par la signature, le 1er janvier, d’un « protocole d’accord » prévoyant la location pour cinquante ans à l’Ethiopie de 20 km de côtes du Somaliland sur le golfe d’Aden. Mogadiscio a dénoncé un accord « illégal ». Les autorités somalilandaises ont affirmé qu’en échange de cet accès à la mer, l’Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître officiellement, ce qu’aucun n’a fait depuis que ce petit territoire de 4,5 millions d’habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie, en 1991.
« Meilleur choix »
« La Somalie a clairement exprimé sa position : la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie ne pourront jamais être négociées, et cela a conduit aujourd’hui à cet accord historique », s’est félicité auprès de l’AFP le ministre adjoint de la défense, Abdifatah Kassim. « La Turquie est le meilleur choix pour défendre les côtes somaliennes », a-t-il ajouté. Ankara entretient des relations étroites avec la Somalie et est son principal partenaire économique, notamment dans les secteurs de la construction, de l’éducation et de la santé, ainsi que dans la coopération militaire. La Somalie abrite la plus grande base militaire et centre de formation à l’étranger de la Turquie, selon les médias turcs.
A la suite de la signature de l’accord entre le Somaliland et l’Ethiopie, de nombreux pays et organisations internationales (Etats-Unis, Chine, Union européenne, Union africaine, Ligue arabe…) ont appelé au respect de la souveraineté somalienne. Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (120 millions d’habitants), l’Ethiopie est en quête d’un accès à la mer Rouge, qu’elle a progressivement perdu après l’indépendance en 1993 de l’Erythrée – qu’elle avait annexée dans les années 1950.
Région relativement stable comparée au reste de la Somalie, la république autoproclamée du Somaliland dispose de ses propres institutions, imprime sa monnaie et délivre ses passeports, mais l’absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.