Par Aneta Zachová dans Euractiv du 17 mars 2023. La politique étrangère de la Turquie ne devrait pas changer si la coalition d’opposition au président Erdogan gagne les élections en mai, bien qu’elle ait affiché son ambition d’améliorer les relations du pays avec l’UE. C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur tchèque à Ankara lors d’un entretien exclusif accordé à EURACTIV République tchèque.
Les élections législatives et présidentielles turques se tiendront le 14 mai 2023.
Selon Pavel Vacek, ambassadeur de République tchèque en Turquie, l’opposition à Recep Tayyip Erdoğan propose une modification du système politique du pays — d’un système très centralisé et présidentiel à un système de démocratie parlementaire.
« Pour le dire simplement, l’opposition pense que sa victoire permettra à elle seule une amélioration significative des relations [entre la Turquie et l’UE] », a déclaré Pavel Vacek.
Or il ne faut pas s’attendre à un changement significatif de la politique étrangère, a-t-il ajouté, car, dans les principes de base de la politique étrangère turque, « même les partis d’opposition ne prévoient pas de changement majeur », a expliqué M. Vacek.
L’ambassadeur s’attend donc à une continuité de la politique étrangère turque, même si le président Recep Tayyip Erdoğan venait à perdre les élections après 20 ans de pouvoir.
« La Turquie ne sera tout simplement pas différente », a ajouté M. Vacek. « Les grands pays ne changent pas d’une année à l’autre », a déclaré l’ambassadeur.
Selon le diplomate, le principe de continuité s’appliquerait, par exemple, à la guerre de la Russie contre l’Ukraine, à la politique à l’égard de la Syrie, à la politique migratoire ou aux questions relatives à Chypre.
« Bien sûr, il est important de poser des questions, et nous sommes en contact avec les partis d’opposition, et nous posons des questions. Il y a quelques différences par rapport au point de vue des dirigeants actuels, mais elles ne sont pas fondamentales », a déclaré le diplomate tchèque.
La Turquie s’oppose aux sanctions de l’Union européenne contre la Russie, a affirmé l’ambassadeur, soulignant l’opposition du pays à l’utilisation de sanctions à l’échelle internationale de manière plus générale. « On ne voit nulle part de différence fondamentale entre ce que la Turquie dit et fait depuis 20 ans et ce que l’opposition promet », a-t-il conclu.