En évoquant le ton réjoui et gai de la réponse de la Délégation de l’UE en Turquie à la lettre du Président Erdogan envoyée à l’occasion du 9 mai, journée de l’Europe, Yavuz Baydar, dans un article au journal Ahval dont il est le rédacteur en chef, se demande s’il ne s’agit pas d’une farce. L’article s’intitule President Erdogan’s letter and the EU farcical reaction (Pour lire l’original cliquer ICI)
En effet Erdogan retrouve dans cette adresse un ton qu’il avait abandonné de longue date dans ses échanges avec l’Union européenne. Il écrit : Nous devons faire bon usage des opportunités que ces jours difficiles nous offrent afin de revitaliser les relations Turquie-UE”.
Et il ajoute :“J’espère que l’UE, qui a adopté jusqu’à présent une attitude discriminatoire à l’égard de notre pays a maintenant compris que nous sommes tous sur le même bateau… La participation de la Turquie – pays candidat à l’adhésion, (…) partenaire de l’union douanière et un des plus importants (…) investisseur de l’UE – à toutes les mesures et aux efforts que l’Union prendra au cours cette pandémie et par la suite , ne fera que renforcer l’UE” (….)
“(…)Mises à part les contributions économiques, politiques, sécuritaires et sociales que l’adhésion à part entière de notre pays apportera à l’Union européenne, (cela lui donnera ) une vision plus participative et plus large, et en fera un acteur mondial. En tant que Turquie, nous sommes déterminés à atteindre l’adhésion à part entière à l’Union européenne, ce que nous considérons comme notre objectif stratégique malgré toutes les difficultés que nous rencontrons au cours du processus de négociation”.
Si on devait prendre à la lettre les propos du président turc il s’agirait en effet d’une bifurcation radicale, d’un retour aux positions de la Turquie d’avant le virage de 2007-2009, d’avant la posture anti-occidental. En fait Baydar est plus surpris par la “crédulité et la gratitude” avec lesquelles les propos d’Erdogan sont salués par Christian Berger, ambassadeur à Ankara de la Délégation de l’UE , que par ce qu’il appelle “l’hypocrisie” de la lettre d’Erdogan. Le journaliste rappelle que “le signataire de la lettre est celui-là même qui dirige la Turquie d’une main de fer (dont le régime) a été qualifié d’”autocratie” et de “dictature de facto” par Bertelsmann Stiftung’s Transformation Index 202O.” Baydar ajoute “Je suis sûr que M. Berger et son équipe à Ankara, ainsi que les hauts responsables de la Commission européenne à Bruxelles, n’ignorent pas ce verdict indéniable”
L’article rappelle alors que justement la “Journée de l’Europe” célèbre la victoire de la Seconde Guerre mondiale sur le nazisme et la sacralisation de la paix sur le continent. Cette journée rappelle le moment où les Européens prennent définitivement position conte les idéologies totalitaires bellicistes.
On peut trouver en effet ironique qu’un représentant de l’UE congratule justement en cette journée de l’Europe un dirigeant dont les tendances totalisantes ne sont plus à démontrer.
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