FRANCE INTER SOUTIENT LE « JOURNAL INQUIET D’ISTANBUL » D’ERSIN KARABULUT. Dans un article du 17 août 2022 il présente le dessinateur turc de 40 ans qui raconte, dans sa dernière BD, ses débuts comme dessinateur humoristique dans la Turquie avant l’arrivée d’Erdogan au pouvoir. On y voit la montée de l’intégrisme, la suppression progressive des libertés dans un pays qui regorgeait de journaux satiriques.
A écouter: https://www.youtube.com/watch?v=wVgr1JoUvis
Une BD qui mêle autobiographie, récit historique et politique sur la Turquie
Si ses précédentes BD d’Ersin Karabulut étaient allégoriques (« Contes ordinaires« , Fluide Glacial) et montraient les ravages des privations de liberté à travers des cauchemars hallucinés, ce « Journal inquiet d’Istanbul » alterne des scènes autobiographiques non dénuées d’humour, et le récit de la montée en puissance du potentat. Un album à la première personne qu’Ersin place sous le regard de l’enfant de huit ans qu’il était.
Ce « Journal inquiet d’Istanbul » rappelle « L’Arabe du futur », de Riad Sattouf. Mais en plus angoissé. Il démontre la difficulté à choisir une carrière artistique, quel que soit le milieu et le pays. Le dessin d’Ersin Karabulut avec ses visages légèrement hypertrophiés, son trait exceptionnellement expressif apporte ce qu’il faut d’étrange… À mettre entre toutes les mains.
Un visage rond, des dents en avant, de grands yeux ouverts… Ersin Karabulut (né en 1981) est fils d’enseignant à Istanbul. Son père, pour faire vivre sa famille, vend des dessins. Très tôt, le jeune garçon découvre la BD grâce à des livres redessinés par et pour des Turcs. Ersin aime ce medium au point qu’il souhaite devenir dessinateur, mais sentant la désapprobation autour de lui, il embrasse des études d’ingénieur…
Mais un jour, il s’émancipe et finit par travailler pour le journal d’humour « Penguen »… L’un des nombreux titres de la presse satirique turque (« Gırgır », « LeMan », « Lombak », « Uykusuz ») que l’on découvre très riche, variée, caustique. Tandis qu’Ersin prend son envol, l’étau intégriste se resserre autour des libertés sous la pression religieuse et l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2014. Le journal pour lequel le dessinateur travaille se retrouve en procès pour avoir osé caricaturer le président en animal.