Istanbul tente de prendre de vitesse le prochain tremblement de terre / OUEST FRANCE

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En février 2023, un séisme a englouti 53 000 personnes, en Turquie. Alors que les géophysiciens avertissent du risque d’un tremblement de terre majeur dans la plus grande ville de Turquie, la rénovation des immeubles d’habitation est entravée par les difficultés économiques.

Ouest France, le 25 juin 2024

Depuis la fenêtre de son appartement, dans le quartier de Bahçelievler, en banlieue d’Istanbul, Erkan Ünlü, 35 ans, ne quitte pas des yeux le ballet des déménageurs qui ont investi la rue. Les bras chargés de meubles et de tapis, ils vident un appartement de l’immeuble d’en face. Le bâtiment a été jugé trop dangereux pour être habité, et doit être évacué dans le mois avant d’être démoli.

e bâtiment voisin, lui, a déjà été vidé, tandis qu’un autre, encore habité pour le moment malgré le danger, doit être détruit sous peu.

Erkan ünlü, habitant du quartier de Bahçelievler à Istanbul, avec son épouse Tugçe et leur fille Defne : « Tous les soirs je me demande si je vais me réveiller coincé sous les décombres ». | RAPHAËL BOUKANDOURA

Dans ce quartier populaire où de nombreux bâtiments, construits dans les années 1970, l’ont été sans respect des normes de sécurité, le séisme qui a ravagé le sud de la Turquie et tué plus de 53 000 personnes, en février 2023, a fait l’effet d’un électrochoc.  J’y pense tous les soirs au coucher, je me demande si je vais me réveiller ou pas, si je serai coincé sous les décombres dans l’attente d’un hypothétique secours  témoigne Erkan.

Risque de séismes en Turquie

Infographie : Ouest-France.

Les quelques fissures de son vieil immeuble de six étages achèvent de l’inquiéter, alors que tous les géophysiciens avertissent qu’un séisme majeur est inexorable en mer de Marmara, au large d’Istanbul, mégalopole de 17 millions d’habitants. Le dernier grand craquement de la faille anatolienne qui traverse toute la région avait fait plus de 17 000 morts, il y a 25 ans, dans la baie d’Izmit, à moins de cent kilomètres de la mégapole du Bosphore. Plusieurs quartiers d’Istanbul avaient été endommagés.

Dans le quartier d’Üsküdar, sur la rive asiatique d’Istanbul, des équipes municipales effectuent des sondages dans la structure des immeubles pour en vérifier la solidité. | RAPHAËL BOUKANDOURA

Des arrangements avec les promoteurs immobiliers

Erkan espère pouvoir profiter du Programme de rénovation urbaine lancé en 2005 par l’État, et plusieurs fois actualisé, pour faire abattre et reconstruire son immeuble. Dans ce cadre, il pourrait bénéficier d’une subvention publique ainsi que d’un rabais sur le coût des travaux, si la copropriété passe un accord avec un promoteur immobilier :  La loi nous permet d’ajouter un étage supplémentaire, qui lui appartiendrait, en échange d’une réduction du prix. 

Seulement, pour enclencher ce plan de rénovation, Erkan doit encore convaincre la moitié de ses voisins copropriétaires.  Malheureusement, certains n’ont pas les moyens de payer les frais de reconstruction, même avec les aides et une réduction du promoteur, d’autres s’inquiètent que cela impacte la taille de leur logement et préfèrent continuer à vivre dans un tombeau », se désole-t-il. La grave crise économique traverse le pays depuis plusieurs années, qui se traduit par une inflation galopante, a vidé les poches des classes moyennes et populaires.

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