Le président turc a affirmé la nécessité de se «concentrer sur une vision d’ensemble» à l’occasion de sa première visite en Grèce depuis 2017.
Le 7 décembre 2023, Le Figaro.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’il n’existe «aucun problème qui ne puisse être réglé» entre la Turquie et la Grèce lors de sa première visite officielle depuis 2017 à Athènes après des années de tensions entre les deux pays.
«Il n’y a aucun problème qui ne puisse être réglé entre nous. Il suffit pour cela d’agir avec de bonnes intentions, de se concentrer sur une vision d’ensemble», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
Les relations entre ces deux rivaux historiques mais partenaires au sein de l’Otan ont connu ces dernières années «des fluctuations qui parfois les menaçaient dangereusement», a admis le chef du gouvernement grec face au président Erdogan. «Nos différences sont connues. Mais nous devons chercher des solutions», a-t-il ajouté, précisant vouloir se rendre à Ankara «au printemps» 2024.
«Nous avons une opportunité et nous devons en profiter», a-t-il repris. «Je veux aujourd’hui regarder vers l’avenir». Les deux hommes ont échangé une longue poignée de main sur le perron du palais Maximou du premier ministre et le président Erdogan a évoqué mercredi dans la presse grecque son «ami Kyriakos».
«Deux frères»
Ces dernières années, les tensions ont été particulièrement vives autour de la délimitation du plateau continental des îles grecques en mer Égée, des zones d’exploitation maritimes et du dossier migratoire.
Mais pour Recep Tayyip Erdogan, qui a longtemps entretenu une rhétorique belliqueuse envers la Grèce, membre de l’Union européenne, l’important c’est «la volonté de résoudre ces problèmes». «S’il peut y avoir des divergences d’opinions même entre deux frères, il est naturel qu’il y ait des divergences d’opinion entre deux voisins», a jugé le dirigeant turc.
Les tensions avaient été ravivées par les tentatives de la Turquie d’explorer des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. En 2022, Recep Tayyip Erdogan a également accusé la Grèce «d’occuper» les îles de la mer Égée et a proféré une menace claire: «nous pourrions arriver soudainement une nuit». Mais à la faveur du terrible séisme qui a frappé le sud de la Turquie en février et tué au moins 50.000 personnes, les deux pays ont amorcé un rapprochement tangible.
«Bon voisinage»
À Athènes, les deux dirigeants ont également signé une déclaration commune de «bon voisinage». Alors que l’économie turque est engluée dans une grave crise, ils ont émis le vœu de doubler les échanges commerciaux entre leurs deux pays pour atteindre 10 milliards d’euros.
Seize accords bilatéraux ont été signés entre plusieurs ministres des deux pays qui tiennent pour l’occasion une réunion du Haut conseil de coopération, un organe bilatéral.
Athènes et Ankara veulent aussi relancer un programme de visas pour les Turcs souhaitant se rendre sur dix îles grecques proches des côtes turques, comme Rhodes ou Lesbos et qui pourront séjourner durant sept jours dans ces îles.