L’idée avait été très mal accueillie par les Européens qui y voyaient une façon pour la Turquie d’augmenter ses achats à la Russie alors qu’ils tentaient de limiter les leurs.
Boursorama, 15 Septembre 2023.
Le ministre turc de l’Energie a pour la première fois mis en doute l’intérêt d’une plateforme d’échanges de gaz avec la Russie proposée l’an dernier par Vladimir Poutine au président Recep Tayyip Erdogan.
« Tout le monde semble ignorer qu’on a déjà un site d’échanges de gaz et d’électricité qui fonctionne bien et tous les jours: a-t-on vraiment besoin d’une autre plateforme? », a confié le ministre Alparslan Bayraktar devant quelques journalistes dont celle de l’AFP.
« Nous vendons du gaz à la Bulgarie, à la Hongrie. La Turquie est déjà un pays de transit fiable » pour le gaz, a insisté M. Bayraktar qui s’exprimait jeudi 14 septembre à Ankara.
L’entretien était sous embargo jusqu’à vendredi matin à la demande du ministère.
Le président russe Vladimir Poutine avait proposé l’an dernier en octobre au président turc Erdogan de créer un « hub gazier » pour exporter du gaz vers l’Europe et des pays tiers, en marge d’un sommet régional à Astana, au Kazakhastan.
Le chef de l’Etat turc avait le lendemain assuré que les travaux commenceraient sans tarder pour « un centre de distribution international ».
« Il n’y aura pas d’attente à ce sujet », avait-il affirmé en précisant que l’éventuel « hub » pourrait être construit dans la région de la Thrace, dans le nord-ouest de la Turquie frontalier de la Bulgarie et de la Grèce.
L’idée avait été très mal accueillie par les Européens qui y voyaient une façon pour la Turquie d’augmenter ses achats à la Russie alors qu’ils tentaient de limiter les leurs.
« Il n’y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d’importer davantage de gaz russe », avait souligné Paris.
Vladimir Poutine avait ensuite rectifié ses propos en affirmant qu’il songeait d’avantage à une plateforme de commerce électronique qu’à un site physique de stockage de gaz.
Ce que le ministre a paru aussi écarter jeudi.
Selon lui, les choses ont trainé depuis Astana « en raison du séisme (qui a frappé le sud de la Turquie le 6 février) puis des élections: Disons qu’on a fait une pause mais nous sommes en discussions » a-t-il ajouté. La Russie livre déjà la Turquie à travers le gazoduc TurkStream qui traverse la mer Noire.
En Turquie, la nécessaire diversification des approvisionnements
Ankara qui est parvenu depuis février 2022 à maintenir des relations avec Moscou comme avec Kiev espère toujours jouer les médiateurs entre les deux parties.
La Turquie dont les besoins en gaz sont colossaux (et couverts à 90% par des importations) a fait des efforts pour diversifier ses approvisionnements et en « importe de dix pays différents », a rappelé M. Bayraktar, citant notamment l’Algérie et le Qatar et bientôt Israël.
« J’en ai parlé avec le ministre israélien de l’Energie et (le président) Erdogan va s’entretenir avec le Premier ministre israélien ».