Les deux militants salafistes qui voulaient combattre à Gaza ont été abattus, ainsi qu’un haut responsable palestinien, mardi dernier.
Le 25 novembre 2023, Guillaume Perrier, Le Point.
Ce sont les deux premiers étrangers déclarés comme « martyrs » par le Hamas depuis le 7 octobre. Deux ressortissants turcs qui avaient rejoint les rangs du Hamas pour aller combattre Tsahal ont été tués, mardi 21 novembre, par une frappe israélienne dans la région de Tyr, au sud du Liban. Ils se trouvaient dans le même véhicule que Khalil Hamid Kharazi, l’un des hauts responsables de la branche armée du Hamas, les brigades Al-Qassam, qui supervisait les tirs de roquettes. Les cinq passagers de la voiture ont tous été tués sur le coup.
Les deux Turcs ont été identifiés comme étant Yakup Erdal et Seyfullah Öztürk, deux militants salafistes. Le premier était originaire d’Adiyaman, petite ville de l’est de la Turquie qui a été l’un des principaux foyers de djihadistes engagés dans la guerre en Syrie. C’est de cette ville qu’étaient originaires les membres d’une cellule de Daech, qui avait organisé une série d’attentats sanglants contre la gauche prokurde, en 2015, notamment à Ankara (102 morts).
Deux militants salafistes
Erdal, 27 ans, aurait lui-même été emprisonné pour avoir soutenu des factions islamistes radicales en Syrie et avait été libéré de prison un peu plus tôt en 2023. Quant à Seyfullah Öztürk, plus jeune, il était le fils d’un prédicateur salafiste turc influent, Ömer Öztürk, lui-même ancien djihadiste en Afghanistan et en Tchétchénie. « Avec leur mère, nous avons élevé nos enfants dans l’attente d’un tel jour, a réagi Ömer Öztürk sur des sites d’information turcs. Nous sommes fiers du sacrifice de Seyfullah. Moi aussi, j’ai fait le djihad contre les ennemis de l’islam pendant des années en Afghanistan et en Tchétchénie. Ce qui ne m’a pas été accordé a été accordé à mon fils. Nous ne recevons pas de messages de condoléances mais des messages de félicitations. »
La proximité de ces deux djihadistes turcs avec l’un des chefs du Hamas pose de nombreuses questions. Elle illustre l’existence en Turquie de puissants réseaux de soutien au Hamas.
Vendredi midi, à l’heure de la grande prière hebdomadaire, plusieurs centaines d’islamistes turcs se sont rassemblés pour célébrer leurs « martyrs » sur la place de Beyazit, à Istanbul, à l’appel de la Plateforme pour Gaza, formée autour d’organisations idéologiquement proches du Hamas.
Sur leur affiche, elles rendaient hommage aux deux jeunes tués « à la frontière entre le Liban et la Palestine ». Ces organisations, affiliées au Milli Görüs et à la mouvance des Frères musulmans, cultivent aussi une grande proximité avec le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan dont la police ne tolère que les manifestations favorables au « Reis ». Dans sa jeunesse, ce dernier a milité dans les mêmes organisations.
Ce sont elles, encore, qui soutiennent un convoi de plusieurs centaines de navires, parti de Turquie jeudi, pour se diriger vers les côtes israéliennes et palestiniennes, dans le but de « perturber le trafic maritime depuis et en direction d’Israël ». Une sorte de répétition de la « flottille de la liberté » lancée en 2010 par la Turquie, pour soutenir le Hamas et Gaza. L’assaut de l’armée israélienne contre le Mavi Marmara, un ferry affrété par l’organisation humanitaire IHH, avait provoqué la mort de dix militants islamistes.