Kiev a aussitôt salué cette extension, affirmant qu’elle avait été négociée pour une période de cent vingt jours. De son côté, Moscou dit avoir accepté une prolongation de soixante jours seulement, rapporte Le Monde du 18 mars 2023.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et l’ONU ont annoncé, samedi 17 mars, la prolongation de l’accord international sur l’exportation des céréales ukrainiennes, conclu en juillet 2022 pour tempérer la crise alimentaire mondiale née de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
« Cet accord a une importance vitale pour l’approvisionnement alimentaire mondial. Je remercie la Russie et l’Ukraine, qui n’ont pas épargné leurs efforts pour un nouveau prolongement de l’accord, ainsi que le secrétaire général des Nations unies. »
Lire aussi : Guerre en Ukraine, en direct : le Kremlin veut élargir la conscription, selon le ministère de la défense britannique
Kiev a aussitôt salué cette extension, affirmant qu’elle avait été négociée pour une période de cent vingt jours. Ni le président turc ni l’ONU n’avaient donné de précisions quant à la durée de la prolongation. Ankara avait précédemment affirmé espérer une extension de cent vingt jours, alors que la Russie insistait pour soixante jours.
Entre-temps, Moscou a fait savoir qu’elle avait accepté une prolongation de l’accord pour seulement soixante jours, et non cent vingt comme l’avait dit Kiev. « Nous voyons des déclarations des différentes parties selon lesquelles “l’accord des céréales” a été étendu de cent vingt jours », a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova, citée par l’agence russe Interfax, ajoutant :
« Nous avons plusieurs fois répété que (…) la partie russe avait informé l’ensemble des parties prenantes que l’accord était prolongé de soixante jours. »
« Nous exprimons notre gratitude au gouvernement de Turquie pour le soutien diplomatique et opérationnel », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric. « Nous remercions Antonio Guterres, les Nations unies, le président Recep Tayyip Erdogan, le ministre [de la défense turc], Hulusi Akar, ainsi que tous nos partenaires, d’avoir confirmé cet accord », a déclaré sur Twitter le ministre des infrastructures ukrainien, Olexandr Kubrakov.
« Le principal défi consiste à accélérer les inspections des navires en Turquie. Cela permettra au monde d’obtenir encore plus de produits agricoles ukrainiens. Nous continuons également à travailler pour ajouter des ports de la région de Mykolaïv à l’Initiative céréalière et à l’élargissement de la gamme de marchandises », a-t-il ajouté dans un message partagé sur Facebook.
Vingt-cinq millions de tonnes de céréales exportées
L’Initiative céréalière de la mer Noire signée en juillet 2022 par l’Ukraine, la Russie et la Turquie, avec l’aide de l’ONU, a atténué la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre en Ukraine en permettant l’exportation de près de 25 millions de tonnes de maïs, de blé et d’autres céréales.
Selon ses termes, l’accord devait être « automatiquement prolongé pour la même période [de cent vingt jours] sauf si une des parties notifi[ait] à l’autre son intention d’y mettre fin ou de la modifier ». L’Initiative avait été effectivement prolongée de cent vingt jours en novembre, jusqu’à ce samedi 18 mars à 23 h 59, heure d’Istanbul. Mais le 13 mars, la Russie, mécontente de l’application d’un deuxième accord devant faciliter ses propres exportations d’engrais, avait fait savoir qu’elle acceptait seulement une prolongation soixante jours.
Théoriquement, les exportations d’engrais, indispensables pour l’agriculture mondiale, ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées à Moscou par les pays occidentaux depuis le début de la guerre, mais elles sont de facto bloquées. Moscou veut des progrès tangibles sur les paiements bancaires, la logistique du transport, les assurances, le dégel des activités financières et l’approvisionnement en ammoniac par l’intermédiaire de l’oléoduc Togliatti-Odessa.
L’ONU a affirmé qu’elle ferait tout son possible pour sauver le mécanisme relatif aux céréales qui a permis d’apaiser la flambée des prix depuis l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. La Turquie, qui abrite le centre de coordination conjoint de l’accord organisant le contrôle des navires, avait fait savoir vendredi qu’elle espérait toujours une prolongation de cent vingt jours.
Lire aussi : Guerre en Ukraine : pourquoi la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine