Olaf Scholz était en visite en Turquie samedi 19 octobre. Le chancelier allemand a été reçu par le président Recep Tayyip Erdogan, alors que les échanges Berlin-Ankara s’intensifient ces derniers mois. En Turquie, Scholz était avant tout venu parler d’immigration et de coopération en matière d’économie et de défense, mais aussi de la guerre en Ukraine et de la situation au Proche-Orient. Erdogan a choisi cette rencontre pour faire une déclaration surprenante au sujet de l’accueil des réfugiés.
Officiellement, la politique de « portes ouvertes » envers les réfugiés n’a plus cours en Turquie. Il y a deux mois, le ministère de l’Intérieur affirmait n’avoir enregistré aucun Syrien depuis juin 2022 et avoir renvoyé dans leur pays près de 690 000 d’entre eux ces cinq dernières années – des retours présentés comme « volontaires ». Les dirigeants turcs assurent que leur pays, qui abrite encore plus de trois millions de Syriens, ne peut pas accepter « un réfugié de plus ».
Les propos du président Erdogan pendant sa conférence de presse avec le chancelier allemand étaient donc assez surprenants : « Nos portes ont toujours été ouvertes aux réfugiés qui viennent de Syrie. Elles le sont toujours actuellement, et encore plus en cette période de guerre dans la région. S’il y en a qui peuvent venir en Turquie – notamment, parmi eux, des réfugiés du Liban –, nous gardons nos portes ouvertes pour eux également. »
Même si ces propos risquent d’être mal reçus par une population turque très hostile aux réfugiés, ils visent peut-être à mettre la pression sur les Européens dans leurs négociations avec Ankara ou leur soutien à Israël. Car Recep Tayyip Erdogan le sait : la grande majorité des réfugiés ne veut pas rester en Turquie, où leur demande d’asile n’a quasiment plus aucune chance d’être acceptée, ni même enregistrée. Beaucoup ont donc pour objectif de se rendre en Europe.