« Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose » : dans ce dictum de Pascal recueilli par Benjamin, on devrait pouvoir trouver l’énergie de voir comme un legs précieux, survivant, le moindre papillon esquissé, sur un papier jauni, dans le camp de Theresienstadt, par Marika Friedmanova juste avant qu’elle ne soit déportée et gazée à Auschwitz, à l’âge de onze ans.«
L’Institut français d’Istanbul accueille, du 20 décembre 2024 au 25 janvier 2025, l’exposition collective « Pratiques de la Survivance » organisée en partenariat avec des instances du monde de la culture Narköy et Tosyalı Holding et avec le soutien de Jotun, Zarakol, Piksel Creative Solutions et la Collection Feride İkiz. Bihter Ayyıldız, historienne de l’art et Emir Derici, rédacteur en chef « culture » et art » chez Plumemag sont les curateurs de l’exposition qui est un projet de la plateforme PlumeMag.
Pour Bihter Ayyıldız, cet événement est bien plus qu’une exposition. Elle préfère le considérer comme un manifeste. Après avoir étudié l’histoire de l’art et reçu son diplôme de l’Université de Lille en France, elle est retournée vivre en Turquie en 2004. A l’inauguration de l’exposition, elle a souligné qu’au bout de 20 ans de chômage en tant qu’historienne de l’art en Turquie, Pratiques de Survivance est sa première exposition en tant que curatrice.
« Pratiques de survivance » est une exposition qui s’inspire du livre du philosophe Georges Didi-Huberman, « Survivance des lucioles » (Editions de Minuit), publié en 2009 et traduit en turc par Halil Yiğit sous le titre de « Ateşböceklerinin Var Kalma Mücadelesi » (Norgurk) et paru à Istanbul en 2023.
Réunissant les œuvres des artistes Bilal Yılmaz, Elçin Acun, Elif Büyüknohutçu, Ferhat Tunç, Fırat Engin, Özge Akdeniz, Osman Dinç, Şükran Moral et Zeynep Beler, l’exposition interroge la notion de « durabilité anthropologique ». “Pratiques de Survivance” explore les traces de ce que Didi-Huberman définit comme la capacité anthropologique à “persévérer”.
Cette approche se concentre sur la découverte de pratiques émergentes dans différents domaines de la vie. Le programme vise à répondre, à travers les pratiques artistiques contemporaines, aux questions posées par Didi-Huberman : “les lucioles ont-elles vraiment disparu ? Ont-elles toutes disparu ? Émettent-elles encore – mais d’où ? – leurs merveilleux signaux intermittents ? Se cherchent-elles encore quelque part, se parlent-elles, s’aiment-elles malgré tout (…), malgré la nuit obscure, malgré les projecteurs féroces ?”
Les lucioles, espèce endémique, et les individus idéalistes préfèrent briller dans l’obscurité. Ils sont les méta-héros de l’exposition. Les lucioles et ces personnages adoptent une attitude de résistance face à l’attrait éblouissant de ce qui est populaire et puissant.
L’exposition se tiendra à l’Institut français d’Istanbul jusqu’au 25 janvier 2025.
Entrée libre.
Dans la galerie de l’Institut français
20.12.2024 – 25.01.2025
İstiklal Cad. No:4
Taksim Beyoğlu