Tensions entre la Grèce et la Turquie, Erdogan rompt un accord avec Athènes et ne souhaite plus rencontrer les dirigeants grecs
« Les autorités turques reprochent, en outre, aux Grecs d’armer les îles de la mer Egée, en violation, selon elles, de deux traités » rapporte Le Monde du 1è juin 2022.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, mercredi 1er juin, qu’il ne rencontrerait plus les dirigeants grecs qu’il accuse de ne pas « être honnêtes ». « Nous n’aurons plus de rencontres bilatérales avec eux », a déclaré le chef de l’Etat turc, lors d’un discours devant son groupe parlementaire à Ankara, alors que les dirigeants des deux pays multiplient les accusations mutuelles.
« Vous savez qu’on avait un accord de haut conseil stratégique avec la Grèce. J’ai prévenu notre ministre des affaires étrangères hier, nous avons rompu cet accord », a-t-il ajouté. Scellé en 2010, l’accord entre la Turquie et la Grèce prévoyait des réunions régulières de haut niveau pour développer la coopération entre les deux pays.
Sans jamais le nommer, M. Erdogan critique le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis : « Il va aux Etats-Unis, il tient des propos contre nous devant le Congrès. Nous en avons marre maintenant. Si tu es honnête, on est prêt à t’accueillir, mais si tu ne l’es pas, désolé », a martelé le chef de l’Etat turc.
La Turquie a intensifié ses critiques contre la Grèce depuis l’intervention de M. Mitsotakis devant le Congrès américain mi-mai. Le premier ministre grec avait critiqué la Turquie sans la mentionner ouvertement. Les médias pro-gouvernement turcs ont interprété ce discours comme un appel à Washington de pas fournir les avions de combat F-16 demandés par la Turquie.
Armement des îles de la mer Egée
Les autorités turques reprochent, en outre, aux Grecs d’armer les îles de la mer Egée, en violation, selon elles, de deux traités. Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a répété mardi qu’Ankara remettrait en cause la souveraineté de la Grèce sur ces îles si elle continuait d’y envoyer des troupes. « La Grèce a violé le statut de ces îles et doit les désarmer. Sinon, un débat sur leur souveraineté commencera », a-t-il affirmé à l’agence officielle Anatolie.
En retour, le président français, Emmanuel Macron, qui préside l’Union européenne jusqu’en juillet a apporté son soutien à Athènes, condamnant toute remise en cause de la « souveraineté »grecque.
Mercredi, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a aussi appelé la Turquie à faire preuve de retenue à l’égard de la Grèce. « Compte tenu de la situation actuelle, il est nécessaire que tous les alliés de l’OTAN fassent front et s’abstiennent de toute provocation entre eux », a déclaré son porte-parole lors d’une conférence de presse à Berlin.
« Envahir l’espace aérien grec et survoler les îles grecques n’est pas acceptable, cela semble contre-productif et contraire à l’esprit de l’alliance », a-t-il ajouté.
Le Monde, 1 juin 2022, Photo/LOUISA GOULIAMAKI/AFP