Capital, 22 Mars 2021, image: AFP
Alors que les intervenants sont inquiets du récent limogeage du chef de la banque centrale Naci Agbal, un ancien ministre des Finances respecté, par le président Recep Tayyip Erdogan, la livre turque a accusé un plongeon historique. La Turquie dit toutefois vouloir maintenir un régime de changes libres.
Avis de turbulences pour la livre turque. Après le limogeage choc du patron de la banque centrale, la devise de la Turquie a connu un accès de faiblesse spectaculaire, mais le ministre turc des Finances est néanmoins monté au créneau, affirmant qu’Ankara maintiendrait un régime de changes libres. « Nous ne ferons aucune concession en ce qui concerne le mécanisme du libre marché », a affirmé le ministre, Lütfi Elvan, dans un communiqué. « Nous maintiendrons notre politique économique jusqu’à ce qu’on arrive à une baisse durable du taux d’inflation », a-t-il ajouté, affirmant que les réformes économiques mises en œuvre par le gouvernement renforceront « nos bases structurelles ainsi que notre résilience face aux chocs éventuels. »
La livre turque a plongé de plus de 17% face au dollar tôt lundi sur les marchés des changes, inquiets du récent limogeage du chef de la banque centrale Naci Agbal, un ancien ministre des Finances respecté, par le président Recep Tayyip Erdogan. La devise de la Turquie s’est échangée jusqu’à 8,47 livres pour un dollar lundi en début de matinée en Asie, contre 7,22 livres pour un dollar en fin de semaine dernière. Elle s’est reprise quelque peu par la suite, remontant à 7,8 livres peu après 06H00 GMT.
M. Agbal avait été limogé tard vendredi dans un décret présidentiel qui n’avançait pas de motif officiel, mais intervenait deux jours après un fort relèvement du principal taux directeur par la banque centrale, une mesure de lutte contre l’inflation saluée par les marchés. Il n’était en poste que depuis cinq mois. Le président Erdogan, partisan d’une forte croissance alimentée par des crédits bon marché, a toujours exprimé son opposition aux taux d’intérêt élevés. Il les qualifie ainsi régulièrement de « père et mère de tous les maux » et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu’ils favorisent l’inflation.
M. Agbal a été remplacé par Sahap Kavcioglu, un économiste et ancien député du parti au pouvoir, une nomination qui inquiète les investisseurs et jette le doute sur l’indépendance future de la banque centrale. Le nouveau gouverneur s’est engagé dès dimanche à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l’inflation.
« La Banque centrale de Turquie va continuer d’utiliser tous ses instruments de politique monétaire avec efficacité afin d’atteindre son objectif: une baisse durable de l’inflation », a déclaré M. Kavcioglu dans un communiqué. La hausse de l’inflation en Turquie ces dernières années, couplée à l’érosion de la livre turque, a entamé la popularité du président Erdogan. En février, l’inflation s’élevait à 15,6% en rythme annuel.