« À Istanbul, impossible de manquer ce bâtiment monumental. Le nouveau centre culturel de la place Taksim a enfin été inauguré vendredi 29 octobre, et en grandes pompes et le président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, s’est déplacé en personne. Mais la construction de cet édifice, en lieu et place d’un immeuble symbolique des protestations contre le gouvernement, fait grincer des dents » dit RFI.
Un centre culturel digne de ce nom, capable de concurrencer les plus grandes scènes européennes : Erdogan l’a fait et son opéra de 2040 places, inauguré sur la place Taksim, est une fierté. Alors pas question de rater son ouverture. Pendant la soirée, une pièce spécialement composée pour l’occasion a été jouée. A l’extérieur un écran géant retransmet l’oeuvre. Mahmut, la trentaine, n’en perd pas une miette : « Dès qu’on a entendu la nouvelle, on est venus. C’est très beau ! », confie t-il à notre correspondante à Istanbul, Cerise Sudry-Le Dû.
Outre l’opéra, l’édifice comprend des salles de théâtre, une bibliothèque de deux étages, un centre culturel pour les enfants, des salles de cinéma et de concert, des lieux d’exposition, des cafés et des restaurants.
Un projet « idéologique » ?
Mais sa construction en a agacé plus d’un. L’édifice a remplacé l’ancien centre culturel laïc Atatürk, ouvert en 1969, vieillissant mais devenu un symbole des protestations de Gezi contre le gouvernement, en 2013.
Pelin Pinar Giritlioǧlu, de la Chambre des urbanistes, dénonce un projet « idéologique » : « Selon les rapports d’expertise, l’ancien bâtiment n’aurait pas dû être détruit, il aurait pu être renforcé. Ce nouveau bâtiment n’a rien à voir avec l’héritage culturel de cet endroit. »
Le centre fait face à la nouvelle mosquée, inaugurée il y a six mois. C’est peu dire que la place Taksim a désormais un tout nouveau visage.
Le président turc s’est engagé dans de grands travaux, dont certains qualifiés de « pharaoniques » comme le Canal Istanbul, destinés à imprimer sa marque sur un pays et une ville qu’il façonne à son image.
RFI, 30 octobre 2021