S’adressant aux journalistes sur son vol de retour de Bruxelles, vendredi 25 mars, où il a assisté au sommet extraordinaire de l’OTAN le président Recep Tayyip Erdoğan a déclaré que la Turquie n’envisageait pas de renoncer à son système de missiles S-400 de fabrication russe. Il a précisé que la question était « close ».
La Turquie avait pris livraison d’un premier lot de missiles russes S-400 en juillet 2019, malgré les avertissements des Etats Unis qui avaient insisté sur l’incompatibilité de ce système risquant de menacer la sécurité de l’OTAN. Les Etats-Unis avaient sanctionné la Turquie en la retirant du programme de production d’avisons chasseur F-35 nouvelle génération auquel Ankara participait. L’industrie de la défense turque en a accusé le coup.
Depuis la livraison de drones à l’Ukraine et ses efforts pour se poser en médiateur entre Kyiv et Moscou (invitation des ministres des affaires étrangères russe et ukrainien sur son sol, fermeture du Bosphore et des Dardanelles aux navires militaires) Ankara multiplie les signes de son appartenance au camp occidental (OTAN, Etats-Unis, Europe).
« Dans un article paru dans le Wall Street Journal la semaine dernière, Paul Kolbe, ancien haut responsable de la CIA, a suggéré que la Turquie pourrait envoyer ses S-400 à l’Ukraine, répondant ainsi à la fois aux demandes des États-Unis de se débarrasser du système de missiles et aux demandes répétées de l’Ukraine pour des systèmes de défense aérienne de l’OTAN. Interrogé sur cet article Erdoğan a accusé ceux qui soulèvent la question des S-400 de chercher à créer des problèmes pour la Turquie. « Tout leur travail consiste à semer la pagaille », a-t-il déclaré précise Ahval.
Bien qu’il se soit exprimé contre l’invasion de l’Ukraine la Turquie ne participe pas au sanctions contre Moscou et le président turc ménage ses relations avec la Russie qui fournit 55% des besoins en gaz de la Turquie.
Fort de son partenariat militaire avec l’Ukraine le président turc n’a pas perdu de temps pour appeler les pays de l’OTAN à mettre fin aux embargos sur les armes imposés à son pays, y compris ceux mis en place au sujet de l’achat de s-400s. « Il est dans notre intérêt commun de lever les restrictions imposées à notre industrie de la défense par certains de nos alliés, » aurait-il déclaré selon Ahval.
OTC-Observatoire de la Turquie Contemporaine