Frank-Walter Steinmeier, qui effectue une visite de trois jours en Turquie, a emmené dans ses bagages le propriétaire d’un kebab de Berlin, où le döner reste un symbole de l’intégration.
L’express, le 27 avril 2024, par Charles Carrasco
Cette chronique raconte la petite ou la grande histoire derrière nos aliments, plats ou chefs. Puissante arme de soft power, marqueur sociétal et culturel, l’alimentation est l’élément fondateur de nos civilisations. Conflits, diplomatie, traditions, la cuisine a toujours eu une dimension politique. Car, comme le disait déjà Bossuet au XVIIᵉ siècle, « c’est à table qu’on gouverne ».
Lorsqu’il grimpe avec sa broche à kebab à bord de l’Airbus A350 de la Bundeswehr, floqué de l’aigle allemand, Arif Keles ne peut s’empêcher de penser au chemin parcouru par lui et sa famille. Alors que son grand-père a travaillé pendant des années dans une usine de fonte, avant d’ouvrir son propre snack en 1986, le voilà dans l’avion présidentiel avec Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, qui effectue, depuis lundi 22 avril, un déplacement symbolique de trois jours en Turquie.
L’objectif de la visite du chef de l’Etat, dont les fonctions sont essentiellement protocolaires, est de célébrer le 100e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Mais aussi et surtout, de rendre hommage aux liens étroits qui unissent leurs populations depuis 1960, lorsque les Turcs sont venus travailler en Allemagne. Quoi de mieux que de mettre dans ses bagages ce propriétaire de kebabs, dont la famille est présente depuis trois générations à Berlin, la capitale mondiale de ce succulent sandwich ?