Les deux prétendants au pouvoir en Turquie se disent en mesure de l’emporter à l’issue du scrutin de dimanche, lors d’un second tour le 28 mai qui semble désormais avéré. Par L’Express du 15 mai 2023.
Pas tout à fait une victoire, mais certainement pas une défaite. Recep Tayyip Erdogan, autocrate islamo-conservateur à la tête du pays depuis vingt ans, s’est dit convaincu, au cœur de la nuit devant une marée de partisans, « de servir encore son pays pendant cinq ans ». Son rival, Kemal Kiliçdaroglu, a affiché la même confiance : il a promis à son camp qu’il allait « absolument gagner au second tour », faisant valoir « le besoin de changement dans la société »
L’élection présidentielle turque, qui s’est déroulée hier, dimanche 14 mai, semble déboucher sur un second tour historique le 28 mai prochain. Selon l’agence officielle Anadolu, sur 98,72 % des votes, le président sortant, leader du Parti de la justice et du développement (AKP), obtient 49,34 % des voix ; 45 % pour Kemal Kiliçdaroglu, candidat du Parti républicain du peuple (CHP). Si, au début de la nuit, le vote de la diaspora dévoilé au compte-goutte laissait encore planer une incertitude, les résultats – toujours partiels – de ce lundi matin (près de 75 % de dépouillés) l’ont presque réduite à néant quant à la tenue d’un second tour.
« Nous respecterons » le second tour
« Nous ne savons pas encore si l’élection est terminée avec ce premier tour mais si le peuple nous emmène au second tour, nous le respecterons » a promis le « reis », à la tête du pays depuis deux décennies. C’est la première fois que le chef de l’Etat, 69 ans, serait contraint à se présenter une deuxième fois devant les électeurs faute d’avoir réuni 50 % des voix. Il a été pénalisé par des citoyens usés par une crise économique, avec une monnaie dévaluée de moitié en deux ans et une inflation qui a dépassé les 85 % à l’automne.
Pendant la soirée, les deux camps se sont livrés une bataille de chiffres, enjoignant à leurs observateurs respectifs de rester sur les lieux de dépouillement « jusqu’au bout ». Le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, un ancien haut fonctionnaire de 74 ans qui emmenait une coalition inédite de six formations de l’opposition, était donné régulièrement en tête par les instituts de sondages, même d’une courte tête – contrairement à l’agence officielle Anadolu. Le troisième candidat, Sinon Ogan, dissident du parti nationaliste MHP crédité d’environ 5 % des voix, s’apprête à les négocier sans préciser avec qui.
Le taux de participation, semble-t-il proche de 90 %, n’a pas été communiqué officiellement. Dimanche, les 64 millions d’électeurs turcs devaient aussi choisir les 600 députés qui siégeront au parlement monocaméral à Ankara. Recep Tayyip Erdogan en a revendiqué « la moitié » pour son camp.