En Turquie, la rentrée des classes a lieu ce lundi 11 septembre pour quelque 20 millions d’écoliers, collégiens et lycéens. Dans ce pays où l’inflation a atteint des records ces dernières années, frôlant encore les 60 % sur un an en août, les achats de fournitures scolaires plombent le budget des familles, tandis que les commerçants se plaignent de ventes en baisse. Publié le 11 septembre 2023 sur RFI.
Dans le quartier d’Eminönü, sur les rives de la Corne d’Or, Günseli coche les dernières cases d’une longue liste de fournitures. Sa fille entre en dernière année de primaire. La facture est salée.
« Le cartable m’a coûté 800 livres, confie-t-elle. Et on a pris l’un des moins chers. L’an dernier, on l’aurait payé 250 livres. Pour un lot de quatre stylos : 35 livres ! Il y a un an, c’était quinze. »
Ebru, la trentaine, arpente les mêmes rues pavées à la recherche de bonnes affaires. Cette mère de famille travaille dans le quartier et cela facilite les choses :
« Je fais des recherches, dit-elle, je compare les prix chez les commerçants. J’ai acheté le sac de ma fille de 5 ans à un ami grossiste pour 360 livres. Mon fils, lui, garde les cahiers de l’an dernier jusqu’à ce qu’ils soient remplis. »
Si elle avait acheté tout ce qui figure sur la liste – y compris l’uniforme, obligatoire dans certaines écoles –, Ebru estime qu’elle aurait payé entre 5 000 et 6 000 livres, c’est-à-dire la moitié du salaire minimum net en Turquie.
Mahmut, commerçant, pointe du doigt le bureau de change en face de sa boutique : « Regarde le cours du dollar ! Tout ce qu’on vend est importé. Et comme notre monnaie n’a aucune valeur, dès que le dollar augmente, le prix de nos produits augmente. Chaque jour ! »
En chute libre depuis deux ans, la livre a encore perdu un quart de sa valeur par rapport au dollar depuis mai. L’inflation, elle, frôle les 60 % sur un an.
Et ce n’est pas fini : dans son programme économique dévoilé la semaine dernière, le gouvernement turc table sur une inflation annuelle à 65% d’ici à la fin de l’année.
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