« Après plus de vingt heures de recherches pour tenter de sauver plusieurs ouvriers bloqués dans des galeries, le dernier mineur porté disparu a été retrouvé mort, a annoncé sur place le président turc, Recep Tayyip Erdogan, samedi » rapporte Le Monde du 14 octobre 2022.
Le dernier mineur porté disparu à la suite de l’explosion survenue, vendredi 14 octobre, dans la mine de charbon d’Amasra, une ville située sur le littoral de la mer Noire au nord-ouest de la Turquie, a été retrouvé mort. Le bilan passe ainsi à quarante et un morts et met fin aux opérations de secours en cours depuis plus de vingt heures, a annoncé sur place le président turc, Recep Tayyip Erdogan, samedi.
« Notre priorité était de retrouver les mineurs dans la galerie. Nous avons finalement atteint le dernier. Il est également mort, ce qui porte le nombre de morts à quarante et un », a déclaré le chef de l’Etat.
« Cinquante-huit mineurs ont pu être secourus, par eux-mêmes ou grâce aux secours », avait fait savoir un peu plus tôt samedi le ministre turc de l’intérieur, Suleyman Soylu, lui aussi sur place. A ses côtés et visiblement bouleversé, le ministre de l’énergie, Fatih Donmez, avait fait savoir l’approche « de la fin des opérations de secours », en précisant que « les recherches se poursuiv[aient] pour une seule personne dont le sort [était] encore inconnu ».
Un coup de grisou probable
L’explosion est survenue à 18 h 15 locales (17 h 15, heure de Paris). Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé qu’il annulait son programme pour se rendre sur le lieu de l’accident samedi. « Notre vœu est que les pertes de vie ne soient pas plus élevées et que nos mineurs puissent être sauvés sain et sauf », a-t-il tweeté.
Des équipes de sauvetage s’efforçaient dans la soirée de sauver les ouvriers bloqués dans des galeries situées à 300 et 350 mètres en dessous du niveau de la mer. Samedi matin, ils étaient encore quinze prisonniers sous la terre, selon M. Soylu qui a précisé que cent dix mineurs s’y trouvaient au moment de l’explosion.
Des équipes de secours et des équipes médicales, ainsi que des membres de familles des mineurs bloqués, dont beaucoup avaient les larmes aux yeux, se trouvaient à l’entrée de la mine, selon les premières images diffusées par les médias turcs.
Une enquête pour accident a été ouverte par le parquet local. « Selon les premières observations, il s’agit d’un coup du grisou », a affirmé le ministre de l’énergie turc, Fatih Donmez. L’AFAD, l’organisme public turc de gestion des catastrophes, avait initialement annoncé sur Twitter qu’un transformateur défectueux était à l’origine de l’explosion, avant de se rétracter.
« Je ne sais pas ce qui s’est passé. Il y a eu une pression soudaine et je n’ai pu rien voir », a pour sa part affirmé à l’agence de presse Anadolu, un mineur qui a pu sortir indemne des galeries par ses propres moyens. « Près de la moitié des ouvriers a pu être évacuée. La plupart d’entre eux vont bien, mais il y a aussi des blessés graves », a affirmé le maire d’Amasra, Recai Çakir, à la chaîne privée turque NTV.
Selon le gouverneur local, une équipe de plus de soixante-dix personnes est parvenue à atteindre un point du puits situé à quelque 250 mètres de profondeur. Il n’était pas encore établi que les sauveteurs puissent s’approcher davantage des ouvriers pris au piège.
Les accidents de travail sont fréquents en Turquie, où le fort développement économique de la décennie écoulée s’est souvent fait au détriment des règles de sécurité, en particulier dans les secteurs de la construction et de l’exploitation minière.
Le pays en avait brutalement pris conscience à l’occasion d’un accident survenu à Soma en 2014 : 301 mineurs avaient été tués dans une mine de charbon, après une explosion et un incendie qui avaient provoqué l’effondrement d’un puits. Des peines s’élevant jusqu’à vingt-deux ans d’emprisonnement et six mois avaient été prononcées par la justice turque contre cinq responsables de la mine, jugés coupables de négligence.
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Le Monde, 14 octobre 2022