« Selon un groupe d’économistes indépendants, ce taux d’inflation officiel record est encore largement sous-estimé. L’augmentation des prix sur un an serait plus proche de 186 %. De quoi craindre une chute de la monnaie nationale, déjà au plus bas » dit Courrier International du 5 octobre 2022.
La Turquie continue de s’enfoncer dans la crise économique, rapporte le Middle East Monitor, avec une inflation record de plus de 83 % sur un an selon les chiffres officiels de septembre (l’inflation sur un mois est, elle, estimée à 3 %). Un pic que le pays n’avait pas connu depuis vingt-quatre ans.
La livre turque s’est également affaissée à un plus bas historique, s’échangeant à plus de 18,5 livres pour 1 dollar.
La poussée inflationniste est entretenue par la politique économique du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan qui, dans la perspective des élections présidentielles de juin 2023, tente de doper l’économie, notamment en favorisant l’accès au crédit.
La Banque centrale turque a ainsi abaissé son taux directeur en août, puis à nouveau en septembre, une politique monétaire qui contribue à augmenter l’inflation et qui s’inscrit à l’exact opposé de celles des Banques centrales américaine et européenne (celles-ci remontent leurs taux pour tenter de juguler la hausse des prix).
Une augmentation du salaire minimum promise pour janvier
Le quotidien d’opposition Birgün souligne que les chiffres officiels de l’inflation sont largement contestés, notamment par l’Enag, un groupe d’économistes indépendants qui estime l’inflation annuelle à 186 % fin septembre.
Dans ce contexte, et alors que les ménages les plus modestes sont à la peine face à la flambée des prix des produits de première nécessité comme le sucre (+164 % en un an) ou la farine (+129 %), le président turc a annoncé, le 29 septembre, une augmentation du salaire minimum pour le mois de janvier qui pourrait atteindre jusqu’à 40 %.
Le rapprochement diplomatique avec les pays du Golfe n’a pas encore entraîné les investissements escomptés par Erdogan, qui voit sa popularité chuter en même temps que le cours de la monnaie nationale.
C’est désormais en Moscou, avec qui il maintient de bonnes relations malgré la guerre en Ukraine, qu’il place ses espoirs. Le média financier américain Bloomberg révèle ainsi que des pourparlers sont en cours afin que la Turquie obtienne un délai de paiement pour le gaz naturel russe.
Courrier International, 5 octobre 2022