La Banque centrale turque a relevé jeudi son taux directeur à 15% dans un revirement politique majeur, abandonnant pour la première fois depuis deux ans les mesures économiques non conventionnelles promues par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Pour l’écouter sur France Culture du 27 juin 2023.
Deniz Unal Économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).
Cette semaine en Turquie et pour la première fois depuis l’hiver 2022, l’inflation est tombée sous la barre des 40 %. Cette chute de moitié par rapport à l’automne dernier est d’abord le résultat d’une promesse électorale. En campagne, Recep Tayyip Erdogan avait annoncé la gratuité du gaz pour les ménages en mai, qui bénéficieront encore 25m3 de gaz gratuit chaque mois pendant un an.
Mais pour lutter contre la hausse des prix, le président turc a aussi décidé de changer de doctrine. Après des années de politique complètement hétérodoxe où il assurait à rebours de toutes les pratiques, qu’il fallait baisser les taux d’intérêt pour faire baisser les prix, Recep Tayyip Erdogan a nommé deux personnalités issues de la finance internationale : Mehmet Simsek, l’ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch et aujourd’hui ministre de l’Économie et Hafize Gaye Erkan, l’ancienne dirigeante de la banque Goldman Sachs, a pris la tête de la Banque centrale turque.
Jeudi dernier, la Banque centrale turque a relevé son taux directeur de 8,5 % à 15 %. Cela signifie concrètement que le pays va vers un resserrement monétaire, et que les crédits vont devenir plus cher. Toutefois, les marchés financiers ont été déçus de cette augmentation jugée minimale par les observateurs, alors qu’Ankara tente de regagner la confiance des investisseurs.