« Les supporteurs de Besiktas sont réputés être proches de l’opposition. Ils ont aussi jeté des peluches destinées à être données aux enfants touchés par le séisme dévastateur. Les appels ouverts à la démission des autorités sont rares en Turquie » rapporte Le Monde avec AFP du 26 février 2023.
« Gouvernement, démission ! » Des milliers de supporteurs de l’équipe turque de football de Besiktas ont lancé un appel, dimanche 26 février au soir, dans le stade Vodafone à Istanbul, à l’occasion de la rencontre de championnat contre Antalyaspor. Rejoignant ceux du club de Fenerbahçe, ils ont appelé à la démission du gouvernement, près de trois semaines après le tremblement de terre du 6 février, qui a fait plus de 44 000 morts en Turquie.
Les supporteurs de Fenerbahçe avaient chanté « Mensonges, tricheries, ça fait 20 ans, démission ! », lors d’une rencontre samedi contre Konyaspor. Dimanche soir, pendant ce match de la Turkish Super League, les supporteurs de l’équipe stambouliote ont également lancé des peluches sur la pelouse, en hommage aux enfants victimes du séisme dévastateur dans le sud-est de la Turquie.
Depuis le séisme d’une magnitude de 7,8, le gouvernement turc est vivement critiqué par l’opposition et des médias indépendants pour son manque de réaction durant les premiers jours dans des zones dévastées. A l’approche des élections présidentielle et législatives prévues le 14 mai, la popularité du président turc Recep Tayyip Erdogan, déjà entamée par la crise économique, en pâtit encore un peu plus. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Séisme en Turquie : des années de corruption et de laisser-faire fragilisent Erdogan
« Des voix trouvent une faille et s’élèvent »
Tentant de faire taire les critiques, Ankara avait temporairement bloqué l’accès à Twitter le 8 février. Le Haut conseil turc de l’audiovisuel (RTUK) avait également sanctionné trois chaînes de télévision ayant critiqué le gouvernement. « Le séisme ne détruit pas seulement les maisons, mais aussi l’empire de la peur. Même si on interdit Twitter ou les chaînes TV […], des voix trouvent une faille et s’élèvent. Comme cela a été le cas dans les tribunes de Fenerbahçe », a estimé samedi un journaliste turc, Mustafa Hos, sur Twitter.
Les supporteurs de Besiktas, l’un des clubs d’Istanbul, sont réputés être plutôt proches de l’opposition. Les appels ouverts à la démission des autorités sont rares en Turquie, depuis le durcissement du pouvoir par le président Erdogan après la tentative de putsch contre lui en 2016. « Alors que notre pays lutte contre la plus grande catastrophe du siècle, lancer des slogans de démission lors du match Fenerbahçe-Konyaspor est irresponsable et insensé », a réagi sur Twitter Devlet Bahceli, le leader du parti de l’Action nationaliste, partenaire de coalition du parti AKP de M. Erdogan. M. Bahceli a même appelé les clubs à prendre « les mesures urgentes et nécessaires » pour que les matches soient joués sanssupporteurss.