La Chine produit plus d’équipements de défense que les États-Unis, selon un rapport du Pentagone, et les entreprises de défense turques ont le vent en poupe avec leurs drones qui s’exportent dans différents conflits armés.
Le 5 janvier 2024, France Info.
En 2024, il y a un pays qui devance désormais tous les autres en matière de construction d’armement : la Chine. Le Pentagone estime même que la production des industries de défense chinoises dépasse désormais celle des États-Unis et de ses alliés. De leur côté, les entreprises de défense turques tirent la croissance des ventes d’armes au Moyen-Orient, région qui a représenté, l’année dernière, la plus forte augmentation en pourcentage des revenus liés aux ventes d’armes dans le monde.
La Chine rattrape son retard sur l’Occident
Selon la nouvelle stratégie de défense nationale américaine, qui n’est pas encore officielle mais dont le magazine Politico a obtenu une copie début décembre, « l’industrie militaire chinoise produit désormais davantage d’équipement de défense que l’industrie des États-Unis, de ses alliés du théâtre pacifique, et de ses alliés européens, réunis ». Ce rapport constate que les cadences chinoises de production industrielle sont nettement supérieures aux cadences américaines. En bref, la Chine produit beaucoup plus et beaucoup plus vite que les États-Unis. En fait, en 30 ans, la Chine a presque rattrapé le retard qu’elle avait sur l’Occident dans la plupart des domaines militaires, et il serait logique de la voir dépasser les États-Unis d’ici 2030.
Actuellement, selon le même rapport, les équipements américains restent supérieurs technologiquement, mais cet ascendant se réduit rapidement. Étant donné l’effort technologique et scientifique à l’œuvre en Chine, il est tout à fait probable que l’écart qualitatif se comble, voire s’inverse au profit de la Chine. Il ne faut pas oublier non plus dans l’équation le rapport de force numérique, évidemment très favorable à l’Armée populaire de libération.
Mais là où le bât blesse en Chine, c’est plus au niveau humain que matériel. La Chine a récemment démis de leurs fonctions au moins 15 militaires de haut rang, sans explication même si cette vague de purge semble liée à des enquêtes de corruption qui secouent actuellement l’Armée populaire de libération. Sans oublier bien sûr la disparition du ministre chinois de la Défense, Li Shangfu, lequel a été remplacé le mois dernier pour la première fois par un militaire de la Marine, l’amiral Dong Jun, qui est familier du détroit de Taïwan et de la mer de Chine du sud, deux terrains d’influence prioritaires pour Pékin.
Les drones turcs en Libye, en Azerbaïdjan et en Ukraine
Les exportations turques, à destination de plus de 170 pays, ont bondi de 30% pour atteindre plus de 5,5 milliards de dollars. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, vise les 10 milliards dans les prochaines années. La Turquie s’autonomise aussi. Elle qui, en 20 ans, a fait passer sa dépendance vis-à-vis de l’étranger en matière de défense de 80% à 20%. Air, terre, mer… Tous les secteurs sont concernés et cette progression assez spectaculaire est notamment due aux embargos occidentaux qui ont incité le pays à produire ses propres technologies militaires.
Un bond alimenté par les drones qui sont le cœur battant de l’industrie de défense turque. On ne présente plus les drones Bayraktar TB2 qui ont brillé sur les théâtres d’opérations en Libye, en Azerbaïdjan et bien sûr en Ukraine. Le succès des drones turcs sur la planète est incarné par un visage, celui de Selcuk Bayraktar, le gendre idéal du président Erdogan. La presse pro-gouvernementale multiplie ces derniers jours les portraits flatteurs. Elle souligne notamment qu’il est le premier contribuable de Turquie. Et on prédit un brillant avenir politique à celui qui est souvent présenté comme le dauphin du président turc.
Outre Baykar, trois autres fabricants turcs ont fait leur entrée dans le top 100 : Aselsan, Turkish aerospace industry et Roketsan. Car au-delà de ses drones, la Turquie parie sur ses hélicoptères de combat, ses chars d’assaut Altay, elle exporte blindés, matériel naval, obusiers, véhicules de déminage, fusils d’assaut… Et s’enorgueillit d’avoir bâti le premier porte-aéronef pour les drones, notamment le TCG Anadolu qui parade régulièrement sur le Bosphore. Sans oublier l’avion de combat de cinquième génération qui est dans les tuyaux.
Mais ce tableau comporte aussi quelques zones d’ombre, le site d’information Al Monitor pointe des faiblesses de l’écosystème militaro-industriel turc. Il y a notamment la concurrence entre fabricants turcs car ils sont désormais plusieurs centaines, le temps long entre le prototype et la production à grande échelle, ou encore le manque de transparence dans les marchés publics. Et puis, en volume global, ses ventes ne représentent que 1% du total mondial. Les États-Unis, même en berne, restent le poids lourd du secteur.