Le principal candidat d’opposition a accusé Moscou d’être « à l’origine des montages, des conspirations, des faux et des enregistrements » diffusés en ligne alors que le premier tour de la présidentielle a lieu ce dimanche. La Russie dément « fermement ». Par L’Express du 13 mai 2023.
a Russie s’est-elle invitée dans la dernière ligne droite de l’élection présidentielle turque ? C’est ce qu’a dénoncé jeudi la coalition d’opposition menée le principal rival de Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kiliçdaroglu. Ces accusations interviennent quelques heures après qu’un autre candidat de l’opposition, Muharrem Ince, a quitté la course en se disant notamment victime d’une campagne de dénigrement en ligne avec des images truquées le montrant en pleine liaison extraconjugale ou conduisant des voitures de luxe.
« Chers amis russes, vous êtes à l’origine de faux montages »
« Chers amis russes », a posté Kemal Kiliçdaroglu sur Twitter, « vous êtes à l’origine des montages, des conspirations, des faux et des enregistrements qui ont été révélés hier dans ce pays ». « Si vous voulez notre amitié après le 15 mai, ne touchez pas à l’Etat turc. Nous sommes toujours en faveur de la coopération et de l’amitié », a-t-il écrit. Le rival de Recep Tayyip Erdogan accuse notamment la Russie d’avoir fait circuler des deepfakes, ces images très réalistes mais manipulées de façon numérique. Elles présentent un défi croissant en matière de lutte contre la désinformation à travers le monde.
L’actuel président turc et candidat à sa réélection, Recep Tayyip Erdogan, a, lui, défendu vendredi son homologue russe contre ces allégations d’ingérence dans l’échéance électorale à venir, alors que le premier tour a lieu ce dimanche. « M. Kemal attaque la Russie et Vladimir Poutine. Si vous attaquez Poutine, je ne serai pas d’accord, a déclaré Erdogan. Nos relations avec la Russie ne sont pas moins importantes que celles avec les Etats-Unis ». Malgré la pression internationale, Erdogan s’est toujours efforcé de maintenir de bonnes relations avec Moscou, même depuis le début de la guerre en Ukraine.
« Nous rejetons fermement ces déclarations », a dit à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Nous le déclarons officiellement : « il ne peut s’agir d’aucune ingérence » russe en Turquie. « Nous avons dit à plusieurs reprises et nous insistons sur le fait que la Russie ne s’ingère pas dans les affaires intérieures, ni dans les processus électoraux des autres États », a assuré le représentant de Vladimir Poutine. Il n’empêche que la Russie est régulièrement accusée par les pays occidentaux d’ingérence électorale, notamment au moyen de campagnes de désinformation.
Le porte-parole du Kremlin en a profité pour saluer la « position très responsable, souveraine et bien réfléchie de la Turquie sur tout un ensemble de problèmes régionaux et internationaux », une position qui « plaît bien » à Moscou, selon lui. Les derniers sondages prédisent un scrutin serré, ce dimanche 14 mai. Ils donnent au chef de l’opposition laïque, Kemal Kiliçdaroglu, une légère avance sur Erdogan. Si aucun candidat ne recueille plus de 50 % des voix, un second tour aura lieu le 28 mai.