Un impressionnant échange de prisonniers a eu ce lieu jeudi 1ᵉʳ août entre la Russie et les Occidentaux. Cet échange concerne 26 personnes, notamment plusieurs Américains, dont le journaliste Evan Gershkovich, détenu en Russie depuis 2023. Il a eu lieu à Ankara, capitale de la Turquie, dont les services de renseignement revendiquent un rôle clé dans la réussite de l’opération. Le pays du président Erdogan savoure une victoire diplomatique.
Avec la correspondante de RFI à Istanbul, Anne Andlauer
La médiation de la Turquie a permis cet échange entre la Russie et les Occidentaux, présenté comme l’un des plus importants depuis la Guerre froide. Les détails fournis par la présidence turque donnent une idée de l’ampleur de cette opération et de la logistique qui a été requise pour la mener à bien. Ce jeudi, ce sont en tout sept avions qui se sont posés sur le tarmac de l’aéroport d’Ankara. Deux provenaient des États-Unis, quand les cinq autres avaient décollé de Russie, d’Allemagne, de Pologne, de Slovénie et de Norvège.
À leur bord, 26 individus en tout, jusqu’ici prisonniers et réclamés soit par la Russie, soit par les Occidentaux. En l’occurrence, toujours selon la présidence turque, dix d’entre eux -dont deux mineurs- ont pris la direction de la Russie ; tandis que treize se sont envolés vers l’Allemagne et trois autres vers les États-Unis. La Turquie parle d’une opération « historique », entièrement coordonnée par ses services de renseignement, selon le communiqué officiel. Ces derniers ont « ouvert la voie au dialogue » en juillet, lorsque toutes les parties concernées par l’échange se sont réunies en Turquie.
C’est sans nul doute une victoire diplomatique pour le pays du président Recep Tayyip Erdogan, membre de l’Otan, mais qui a conservé des liens étroits avec la Russie après l’invasion de l’Ukraine, en faisant justement valoir ses capacités de médiation entre Moscou et l’Occident.
Une politique « d’équilibre » souvent critiquée
Ce choix, celui d’une politique dite « d’équilibre » souvent critiquée, Ankara l’a toujours défendu, justement en faisant valoir ses capacités de médiation entre Moscou et l’Occident. Ce n’est d’ailleurs pas le premier échange de prisonniers mis en œuvre ces dernières années par la Turquie, qui a plusieurs fois facilité des échanges similaires entre la Russie et l’Ukraine.
C’est encore Ankara qui avait négocié, en juillet 2022, l’accord sur les céréales ukrainiennes – un accord dont la Russie s’est depuis retirée. Ce retrait avait créé beaucoup de frustrations du côté de la Turquie, qui était à la recherche d’un nouveau « coup » diplomatique pour refaire parler d’elle sur la scène internationale et prouver, en quelque sorte, à ses alliés de l’Otan le bien-fondé de sa position vis-à-vis de la Russie. Nul doute que cet échange majeur de prisonniers, avec la publicité qui en est faite par les autorités turques, remplit parfaitement cet objectif.
De son côté, le président américain Joe Biden a remercié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué la présidence turque. « Au cours de l’appel, le président américain Biden a remercié le président Erdogan pour ses efforts visant à garantir le bon déroulement de l’échange de prisonniers », a écrit la présidence turque dans un communiqué.