Comment la diplomatie turque réagit-elle aux différents intérêts économiques et politiques de ses partenaires ?
Le 25 janvier 2024, France Culture.
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Avec Aurélien Denizeau Docteur en sciences politiques de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, chercheur en relations internationales
Les regards se sont tournés ces derniers jours vers Ankara : d’une part, le Parlement Turc a approuvé mardi l’entrée de la Suède dans l’OTAN – une décision qui fait suite à 20 mois de vives négociations avec Stockholm.
D’autre part, le Président iranien s’est rendu hier à Ankara – une visite attendue, et d’abord repoussée du fait de multiples désaccords sur fond de crise au Moyen-Orient…
Un bras de fer entre la Turquie et la Suède
Avec cette récente adhésion à l’OTAN, c’est un véritable bras de fer qui se joue entre la Turquie, la Suède et les États-Unis : “la Turquie voulait officiellement des garanties de la part des Suédois dans la lutte anti-terroriste, car la Suède était accusée de mansuétude envers le PKK, une organisation liée au mouvement autonomiste kurde. En réalité, il y a sans doute une volonté de faire pression sur les Américains en leur demandant des avions F-16 contre le déblocage du dossier suédois”, explique Aurélien Denizeau, docteur en science politique et relations internationales, spécialiste de la Turquie.
Une armée en plein développement
Si les Turcs sont désireux d’avoir une armée forte, contre qui comptent-ils en réalité se défendre ? Pour Aurélien Denizeau, “il y a en Turquie l’idée qu’ils sont encerclés d’ennemis, ce qui n’est pas tout à fait faux. Avec l’Arménie, la Grèce, l’Irak ou la Russie, les relations sont régulièrement tendues. De plus, les Turcs ont l’ambition de devenir une puissance navale en Méditerranée, ce qui passe par le développement de leur secteur maritime et aérien”. Par ailleurs, il faut rappeler que leurs relations avec la Russie sont ambivalentes : les deux pays se sont affrontés en Syrie en 2015 ou encore en Libye.
La question israélo-palestinienne
Erdogan et l’État turc ont une approche qui n’est pas éloignée des positions critiques à l’égard d’Israël, souligne de plus Aurélien Denizeau : “ils reconnaissent l’État mais l’accusent de génocide. En majorité, les Turcs souhaitent un départ de Benjamin Netanyahou”. Les relations commerciales entre les deux États n’ont d’ailleurs jamais cessé, au même titre que les relations institutionnelles et diplomatiques.