France 24, 19 juin 2021, vidéo: Shona BHATTACHARYYA
À Istanbul, plusieurs centaines de femmes ont défilé samedi pour protester contre la décision du président turc Recep Tayyip Erdogan de retirer la Turquie de la Convention d’Istanbul de 2011. Ce traité du Conseil de l’Europe vise à protéger les femmes contre les violences domestiques.
Elles étaient plus de mille à manifester samedi 19 juin à Istanbul, selon un décompte établi par l’AFP. En provenance de toute la Turquie, ces femmes protestaient contre une décision du président Recep Tayyip Erdogan d’abandonner un traité les protégeant contre les violences domestiques.
Le décret du 20 mars retirant la Turquie de ce traité du Conseil de l’Europe – la Convention d’Istanbul de 2011, qui oblige les gouvernements à adopter une législation réprimant la violence domestique, y compris le viol conjugal et la mutilation génitale féminine – avait provoqué une onde de choc dans le pays et dans le monde.
« La Convention d’Istanbul nous appartient », pouvait-on lire sur des banderoles portées par des centaines de femmes venues des quatre coins du pays, de la province de Bursa (nord-ouest) à celle Mardin (sud-est), pour cette manifestation dans le district de Maltepe, situé sur la rive asiatique d’Istanbul.
« Nos luttes et nos organisations nourrissent notre espoir », a déclaré à l’AFP Melek Ondas, de l’association Conseil des femmes, assurant que les manifestantes venaient de 70 provinces de Turquie.
Une décision critiquée à l’échelle internationale
« Nous croyons à la force de nos organisations. Que l’on revienne ou non sur cette décision, nous allons poursuivre notre lutte par tous les moyens possibles », a-t-elle ajouté.
Une nouvelle manifestation est prévue le 1er juillet, jour de l’entrée en vigueur du retrait du traité.
Décidé alors que les féminicides n’ont cessé d’augmenter depuis une décennie en Turquie, ce retrait a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques émanant de l’Union européenne, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.
La décision du chef de l’État turc a provoqué depuis, à travers la Turquie, des manifestations de femmes qui se sentent menacées par l’abandon du traité dans un pays où la mentalité patriarcale est encore prédominante.
Plus de 300 femmes ont été tuées l’année dernière en Turquie, selon la plateforme « Nous allons arrêter les féminicides ».
Environ 38 % des femmes en Turquie ont affirmé avoir été au moins une fois victimes de violences conjugales, selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé, alors que le taux se situe aux alentours de 25 % pour l’Europe.