«Burning Days» se déroule dans la partie la plus conservatrice de la Turquie, où les gens votent à 70% pour Ergogan. Par Le Temps du 11 avril 2023.
Dans un thriller métaphorique, Emin Alper met en scène un jeune procureur aux prises avec une corruption systémique. Un film qui montre les problèmes et contradictions de son pays. L’auteur de cette critique sociale les évoque sans détour.
Ce n’est pas tous les jours qu’arrive un film aussi clairement politique de Turquie, pays sous surveillance toujours plus étroite. D’accord pour gêner l’Egypte en accueillant le tournage de La Conspiration du Caire de Tarik Saleh, mais gare à qui s’aviserait de critiquer le régime autoritaire de Recep Tayyip Erdogan! Habile, le cinéaste Emin Alper, qui a longtemps été professeur d’histoire contemporaine à l’université, a appris à contourner l’interdit en restant allusif. Il semblerait même plutôt stimulé par le défi. C’est ainsi qu’après avoir déjà signé un mémorable Frénésie (2015), film noir et nocturne qui imaginait un pays gagné par la paranoïa, il revient avec un quatrième opus encore plus efficace, Burning Days, qui marie idéalement thriller et regard poétique. Et c’est sans trembler qu’il est passé de Cannes (section Un Certain Regard) au festival LGBTIQ+ de Genève Everybody’s Perfect, à l’occasion duquel nous l’avons rencontré.
Le film a aussi été présenté au Festival de Cannes 2022,dans la sélection Un Certain Regard.