Au Kurdistan irakien, les civils sous les bombes lancées par la Turquie / RFI

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Dans certaines régions du Kurdistan irakien, un quart des habitants sont partis, fuyant les bombardements de l’armée turque. Officiellement, ces frappes ciblent les positions du PKK, le parti nationaliste kurde armé considéré comme terroriste par la Turquie. En réalité, ces bombes touchent de nombreux civils. Ces dernières semaines, Ankara a intensifié ses bombardements en vue d’une opération militaire terrestre.

RFI, le 11 juin 2024

Dans la région montagneuse de Mawat, de nombreux habitants ont fui, cette année, les bombardements. Mais certains décident de rester, malgré le danger, comme Kaywan, un commerçant dont le magasin a été bombardé par la Turquie il y a quatre ans. « Ici, on n’a été bombardés qu’une seule fois, explique-t-il. Mais les villages autour sont frappés non pas tous les mois, ni toutes les semaines, mais tous les jours ! Quotidiennement, on entend le bourdonnement des drones qui survolent et qui bombardent nos villages. Si ce n’est pas tous les jours, c’est tous les trois jours… »

Le commerçant détaille les raisons qui le poussent à rester : « Je reste parce qu’ici, c’est mon lieu de travail. Ma subsistance dépend de mon magasin. Mais ma famille a déménagé à Slemani. Si je pouvais vendre cette boutique, je ne resterais même pas une heure de plus ici ! Je quitterais immédiatement ce village de malheur pour la ville et je ne reviendrai plus jamais ! »

Une offensive turque d’envergure d’ici l’été

Mawat est une zone touristique prisée pour sa fraîcheur d’altitude. Mais, cette année, les visiteurs ont déserté. Taqana est restaurateur, il raconte l’impact des bombardements :« Depuis que la Turquie a bombardé notre village, le nombre de touristes a chuté de 90%. Mais dans la région, en général, les bombardements continus ont réduit le nombre de visiteurs au moins de moitié. »

La Turquie promet une grande opération militaire d’ici l’été. Kameran Osman, membre d’une ONG qui documente ces frappes turques et qui connaît bien cette région montagneuse, décrypte les conséquences possibles de cette offensive : « 39 villages seraient déplacés si l’opération était menée !  Et nous craignons que cette offensive soit un bain de sang parce que des villageois vivent encore dans ces zones et refusent de partir. » Avec les membres de son ONG, ils échangent avec les villageois : « Nous leur avons parlé et ils nous disent que ce sont leurs terres ancestrales. Économiquement, ça aurait un impact. Beaucoup de gens seraient déplacés, beaucoup de gens seraient tués. » 

Selon Kameran Osman, il y aurait déjà eu plus de bombardement en 2024 que durant toute l’année 2023. 

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