Kedistan, 30 Avril 2021, Aslı Erdoğan
La Turquie a abandonné la Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes. L’écrivaine Aslı Erdoğan explique ce que cela signifie. Une conversation sur la violence et le machisme dans la société turque.
• En 2012, la Turquie est devenue le premier pays à ratifier la Convention d’Istanbul sur la protection contre la violence. Ce traité international a été créé pour fournir des normes juridiquement contraignantes afin de “protéger les femmes contre toutes les formes de violence”, notamment le harcèlement sexuel, la traque et le mariage forcé. Elle a été ratifiée par 34 États. C’est maintenant, alors que la violence domestique est en hausse, que la Turquie annonce son retrait. Quel genre de signal est-ce pour une femme en Turquie qui est menacée par son partenaire ?
Peut-être qu’elle lit le journal, où au moins un féminicide est signalé chaque jour. Elle est probablement incapable de prendre soin d’elle-même et de partir. Elle ne sait peut-être pas exactement ce qu’est la Convention d’Istanbul, mais elle a entendu dire qu’elle avait quelque chose à voir avec la protection des femmes, et maintenant cela tombe aussi. Elle se sentira exclue. Je suis sûre que beaucoup d’hommes voient le retrait comme une victoire. Cela justifie leur violence. Il y a quelques jours, une campagne a été lancée sur les médias sociaux turcs : “12 avril – Journée du viol”.
• Le jour du viol ?
Oui, un groupe de jeunes de 17 ans a écrit pour aller violer des femmes. Ils ont dit à la police qu’ils avaient fait ça pour devenir célèbres.
• Cela en dit long sur la Turquie.
Beaucoup d’hommes ne voient pas les femmes comme des êtres humains, mais comme des objets destructibles. Comment quelqu’un pourrait-il être surpris par cela ? Le régime d’Erdoğan utilise une quantité disproportionnée de violence pour contrôler la société. Ce dernier en tire la leçon que la violence est le seul moyen d’exercer un contrôle et que celui qui a le pouvoir a le droit de dominer. Le résultat est : plus de violence contre les femmes, les enfants, les animaux. Ce dernier point peut également être étudié. POUR LIRE LA SUITE CLIQUER ICI
(A la demande de la romancière Aslı Erdoğan, Kedistan publie la version en français de cet entretien mené par Karen Kruger, publié le 29 avril 2021, sur Frankfurter Allgemeine Zeitung en allemand. )