« Alors que l’homosexualité a été dépénalisée en Turquie en 1858, des manifestants ont défilé dimanche dans les rues d’Istanbul pour réclamer l’interdiction des associations de défense des droits des homosexuels et des transgenres. Ils ont répondu à l’appel de plus d’une centaine de groupes et d’associations conservateurs, pour la plupart proches du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan. Ils se sont réunis dans le quartier conservateur de Fatih » rapporte 20 minutes du 19 septembre 2022.
« Protégez votre famille et votre génération », « Nous n’allons pas laisser faire ceux qui font la guerre à la famille », « Dis non au projet de société sans genre », ou encore « Papa + maman + bébé = famille », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par la foule dont la majorité des femmes étaient voilées.
Discriminés et insultés par le pouvoir
Un spot publicitaire soutenant la manifestation avait été classé comme « d’intérêt public » par le Conseil supérieur turc de l’audiovisuel provoquant un tollé des groupes de défense des droits de l’homme. De nombreux internautes turcs ont d’ailleurs partagé dimanche sur les réseaux sociaux le message « Non à la marche de la haine » en solidarité avec les LGBT ciblés par la manifestation.
Même si l’homosexualité n’est pas interdite dans le pays depuis le milieu du XIXe siècle, elle reste largement soumise à l’opprobre sociale et à l’hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP, et à celle du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan. Par le passé, un ministre a traité les homosexuels de « détraqués ».
Les manifestations LGBT interdites
Le gouvernement turc a en outre abandonné l’année dernière un traité de défense des droits des femmes, la Convention d’Istanbul, lui reprochant d’encourager l’homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.
Depuis un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont progressivement interdit la Marche des Fiertés, avançant des raisons de sécurité. Les manifestants qui bravent l’interdiction sont désormais sévèrement réprimés, donnant lieu à des descentes musclées et des arrestations. En juin dernier, plus de 200 personnes ont été arrêtées et souvent malmenées.
20 minutes, 19 septembre 2022, Photo/Kemal Aslan/AFP