L’équipe féminine turque de volley brille par ses résultats, mais elle est prise à partie par certains conservateurs pour ses tenues jugées « impudiques ».
En Turquie, l’équipe nationale féminine de volley fait la une des journaux. Grâce à ses résultats. Excellents. Les volleyeuses turques sont allées jusqu’en quart de finale aux Jeux de Tokyo cet été, et surtout, elles ont remporté la médaille de bronze à l’Euro il y a quelques jours.
Des succès qui ont provoqué une médiatisation sans précédent, à tel point qu’elles ont hérité d’un surnom : « les sultanes du filet ». Pour faire un parallèle, c’est un peu ce qui s’est passé avec nos basketteuses qui sont devenues « les braqueuses » après leur finale aux JO de Londres en 2012.
“Sauf que la popularité des volleyeuses turques n’a pas généré qu’une vague que de sympathie, elle a aussi provoqué la colère des conservateurs turcs, qui se sont lancés dans une croisade contre cette équipe.”
Pourquoi tant de haine ?
Eh bien parce que les tenues des joueuses – un maillot sans manches et un short – sont jugées « impudiques » par ces derniers, qui leur reprochent un manque de décence.
C’est un théologien influent en Turquie, Ihsan Senocak, qui a ouvert les hostilités sur twitter, alors que les volleyeuses turques venaient de battre la Chine, championne du monde, aux JO de Tokyo :
“Filles de l’Islam, vous n’êtes pas les sultanes des terrains de jeux, mais celles de la foi, de la chasteté et de la morale, vous êtes les filles des mères qui rougissent de montrer ne serait-ce que leur nez. Ne vous laissez pas tromper par ce mot de ‘sultan’ qui a envahi la culture populaire, notre espoir et nos prières sont avec vous.”
Des propos qui ont à la fois trouvé un écho important chez les conservateurs, mais aussi provoqué un tollé, notamment dans la presse d’opposition, comme le rapporte l’hebdomadaire Courrier International, qui cite un éditorialiste du quotidien Habertürk, pas surpris par cette « réflexion » du théologien, « la même qui mène certains », je cite, « à attaquer physiquement les filles portant des shorts dans la rue, ou à vouloir sortir d’un bus celle qui porte une jupe ».
Parce que le sujet dépasse évidemment le cas des volleyeuses turques, c’est la place de la femme dans la société turque qui est en jeu, alors que la Turquie a claqué la porte de la convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes.
France Inter, Esprit Sport, 9 septembre 2021, Xavier Monferran, image: Reuters