TV5 Monde, le 5 août 2020
Des femmes manifestent à Istanbul, le 5 août 2020, pour demander au président Recep Tayyip Erdogan de ne pas retirer la Turquie d’un traité international visant à mieux lutter contre les violences domestiques Istanbul Convention (voir ci-dessous) and the Turkish Law 6284 for the protection of the family and prevention of violence against women, in Istanbul, Turkey, on August 5, 2020.
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Manifestations à Istanbul – Kadıkoy (TV 24)
Plusieurs milliers de femmes ont manifesté mercredi à travers la Turquie pour demander au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan de ne pas se retirer d’un traité international visant à mieux lutter contre les violences domestiques.
A Istanbul, elles étaient plusieurs centaines à s’être rassemblées en brandissant des pancartes proclamant que “les femmes ne pardonneront aucune violence”, ou d’autres sur lesquelles étaient inscrits les noms de femmes tuées par des hommes, selon des correspondants de l’AFP.
“Ils sont en train d’attaquer les droits que les femmes ont gagnés en luttant. Mais nous sommes dans la rue, sur les places pour défendre nos droits. Nous ne lâcherons rien”, a déclaré à l’AFP une manifestante, Sinem Ozkan, 31 ans.
D’autres rassemblements ont eu lieu dans les principales villes du pays, comme Ankara et Izmir (ouest), où une dizaine de manifestantes ont été interpellées par la police, selon l’association Femmes solidaires NAR.
Cette mobilisation vise à soutenir la Convention d’Istanbul, un traité adopté en 2011 par le Conseil de l’Europe (qui rassemble 47 pays dont la Turquie) qui fixe des normes juridiquement contraignantes en vue de prévenir la violence sexiste.
Depuis plusieurs semaines, des associations et médias conservateurs exhortent M. Erdogan à retirer la Turquie de ce traité, estimant notamment qu’il “nuit aux valeurs familiales” et “banalise l’homosexualité”.
Des responsables du parti islamo-conservateur de M. Erdogan, l’AKP, ont évoqué la possibilité d’un retrait, suscitant l’inquiétude de nombreuses associations. L’AKP doit prendre une décision la semaine prochaine, selon les médias.
Pour les militants des droits des femmes, un retrait de la Convention d’Istanbul affaiblirait la lutte contre les violences domestiques.
Ils accusent en outre les autorités de ne pas appliquer avec assez de fermeté les lois votées après la ratification du traité en 2012, ce qui explique selon elles la hausse du nombre de féminicides ces dernières années.
Selon la plateforme “Nous mettrons fin aux féminicides”, 474 femmes ont été tuées en Turquie en 2019, contre 440 en 2018 et 180 en 2010.
“Toutes les femmes turques, sans distinction politique, ont besoin de cette convention”, estime Benazir Coskun, 31 ans, venue manifester à Istanbul. “Nous sommes convaincues que si les femmes sont unies, nous parviendrons à empêcher ce retrait”.
Qu’est-ce que la Convention d’Istanbul ?
(par https://lepetitjournal.com/)
La Convention d’Istanbul est un traité international émanant du Conseil de l’Europe*, sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. La Convention, qui a été signée le 11 mai 2011, a été ratifiée par la Turquie (premier pays) en mars 2012, et y est entrée en vigueur en 2014. En 2012, dans la prolongation de la Convention, a été votée la loi n° 6284, sur la prévention de la violence à l’égard des femmes en Turquie.
La Convention d’Istanbul est le premier instrument juridiquement contraignant qui “crée un cadre juridique complet et une approche pour lutter contre la violence à l’égard des femmes” et se concentre sur la prévention de la violence domestique, la protection des victimes et la poursuite des auteurs. Toutes les formes de violences, physiques comme psychologiques, y sont prévues. La Convention comprend également un article visant les crimes dits “d’honneur”.
Pour s’assurer de son application, un groupe d’experts (GREVIO) effectue des visites régulières dans les différents pays ayant adopté le texte.