LIBÉRATION, le 10 janvier 2025
Lors d’une conférence de presse organisée à Istanbul ce vendredi 10 janvier, le chef de la diplomatie turque a épinglé la gestion par Paris des membres français du groupe Etat islamique emprisonnés en Syrie, sur fond de tensions autour de la question kurde.
La France devrait rapatrier les jihadistes français emprisonnés en Syrie, a affirmé ce vendredi 10 janvier lors d’une conférence de presse le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, rappelant que Washington est le seul interlocuteur d’Ankara dans le nord-est syrien où la Turquie menace de lancer une opération militaire contre les combattants kurdes.
«Si la France a quelque chose à faire, c’est de prendre ses propres citoyens, de les amener dans ses propres prisons et de les juger», a-t-il martelé. Le chef de la diplomatie turque a par ailleurs accusé la France de ne pas prendre en compte la sécurité de la Turquie en confiant la détention des jihadistes étrangers aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les combattants kurdes. «Ils ont une telle politique qu’ils n’amènent pas les prisonniers» du groupe Etat islamique «dans leur propre pays». «Mais ils ne se soucient pas de notre sécurité. […] Ils mettent toujours en avant leurs propres revendications.»
«Faire avancer leurs propres intérêts»
En réponse à une question sur un appel des forces kurdes au déploiement des troupes françaises dans le nord-est syrien, Hakan Fidan a précisé que les Etats-Unis sont les seuls interlocuteurs de la Turquie à ce sujet. «Nous ne prêtons franchement pas attention aux pays qui utilisent la puissance de l’Amérique et se cachent derrière elle pour faire avancer leurs propres intérêts. Notre interlocuteur sur cette question est l’Amérique. Nous parlons à l’Amérique. Pas avec les pays qui se cachent derrière», a-t-il affirmé.
Le renversement du dirigeant syrien Bachar al-Assad le mois dernier a fait naître la possibilité d’une intervention directe de la Turquie en Syrie contre les forces kurdes YPG. Ankara accuse les YPG, épine dorsale des Forces démocratiques syriennes et considérées par l’Occident comme essentielles dans la lutte contre les jihadistes de l’Etat islamique, de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie.