Des rebelles qui encerclent Damas, des forces syriennes qui reculent, un Bachar al-Assad porté disparu depuis dimanche dernier et un sommet à Doha… 20 Minutes fait le point sur le regain de tensions en Syrie
20 Minutes, le 7 décembre, publié à 14h41
En Syrie, ce samedi, les rebelles ont déclaré qu’ils avaient « commencé à encercler » Damas, après s’être emparés de villes proches lors de l’offensive la plus spectaculaire en treize ans de guerre. Dans la foulée, les forces gouvernementales se seraient, elles, retirées de localités à une dizaine de kilomètres de la capitale. Dans le même temps, une réunion consacrée à la Syrie a débuté au Qatar en présence des ministres des Affaires étrangères de l’Iran, de la Russie et de la Turquie.
20 Minutes fait le point sur ce regain de tensions, alors que, plus que jamais affaibli, le président syrien Bachar al-Assad que les insurgés disent vouloir renverser, n’a pas fait d’apparition en public depuis dimanche dernier.
Que contrôlent les rebelles ?
En dix jours cette fois, des rebelles se sont emparés de dizaines de localités et deux des principales villes syriennes lors d’une offensive fulgurante. Ainsi, menés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), issus de l’ancienne branche syrienne d’al-Qaïda, ces rebelles du nord de la Syrie ont déclaré ce samedi qu’ils avaient « commencé à encercler » Damas, après s’être emparés de villes proches. « Nos forces ont entamé la phase finale de l’encerclement de la capitale », a déclaré un important commandant de la coalition rebelle, Hassan Abdel Ghani.
Ces rebelles étaient partis de l’enclave d’Idleb dans le nord-ouest du pays, qui était alors le principal bastion de l’opposition armée. Après Alep, ils ont ensuite progressé vers Hama (centre), quatrième ville syrienne dont ils ont pris le contrôle jeudi. La coalition rebelle est arrivée aux portes de Homs, à 150 km de la capitale Damas.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a déclaré à l’AFP que des combattants rebelles locaux contrôlaient également toute la province de Deraa, berceau du soulèvement de 2011 contre le régime de Bachar al-Assad repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018.
Où en sont les forces gouvernementales ?
Soutenu militairement par Moscou, l’Iran et le Hezbollah, le régime avait repris le contrôle des deux tiers de la Syrie. Mais il ne tient plus aujourd’hui que la province de Homs, qui est menacée, la capitale Damas (menacée aussi, donc) et une grande partie du littoral (nord-ouest).
L’armée syrienne a confirmé samedi qu’elle se redéployait dans les deux provinces de Deraa et Soueida. Elles se seraient en revanche retirées de localités situées à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l’OSDH, qui a ajouté qu’elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël. Mais, dans l’après-midi, le ministère syrien de la Défense a nié le fait que l’armée s’était retirée des zones proches de Damas, assurant qu’elle ne reculait pas.
Que contrôlent les Kurdes et les djihadistes ?
Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) dominent le nord-est de la Syrie, et contrôlaient une partie de la province de Deir Ezzor (est), et notamment la rive est de l’Euphrate. Vendredi, elles ont annoncé s’être déployées sur la rive ouest du fleuve, les forces gouvernementales et les groupes pro-iraniens qui leur sont alliés étant soudainement partis.
Quant aux djihadistes, ils se sont repliés dans le vaste désert syrien et continuent de mener des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les forces kurdes.
Que fait le Hezbollah ?
Le Hezbollah libanais a envoyé 2.000 combattants en renfort dans un de ses bastions en Syrie, proche de la frontière avec le Liban, « vers la région de Qousseir et la chaîne de montagnes séparant la Syrie du Liban, pour défendre ses positions » en cas d’attaque par les rebelles, a indiqué samedi à l’AFP une source proche du mouvement pro-iranien,La source a souligné que l’envoi de ces renforts par le Hezbollah, qui sort d’une guerre sanglante avec Israël l’ayant affaibli, était à caractère « défensif ». Elle a assuré que la puissante formation libanaise, qui avait combattu aux côtés du gouvernement syrien par le passé, « n’a pas pris » part aux affrontements en cours en Syrie. Selon cette source qui a refusé d’être identifiée, le Hezbollah a aussi dépêché « 150 conseillers militaires à Homs, pour aider l’armée syrienne si elle décide de défendre » cette ville stratégique.
C’est quoi cette réunion à Doha ?
Une réunion consacrée à la Syrie a débuté au Qatar en présence des ministres des Affaires étrangères de l’Iran, de la Russie et de la Turquie. Ces trois pays sont partenaires depuis 2017 du processus dit d’Astana initié pour faire taire les armes en Syrie après la guerre civile, sans être pour autant alignés du même côté du champ de bataille.
L’Iran et la Russie sont de longue date des soutiens inconditionnels du président syrien, Bachar al-Assad. La Turquie, sans être impliquée directement sur le terrain, observe avec bienveillance les progrès des mouvements rebelles. Enfin, le Qatar, où se déroulent des pourparlers, a soutenu les rebelles au début de la guerre civile syrienne en 2011, mais le pays appelle désormais à une fin négociée du conflit.
Quelles sont les réactions à l’international ?
Les Etats-Unis ont appelé vendredi leurs ressortissants à quitter la Syrie. « Le département (d’Etat américain) exhorte les citoyens américains à quitter la Syrie sur-le-champ, tant que des options de voyages commerciaux restent disponibles », ont fait savoir les autorités américaines dans un message publié sur les réseaux sociaux.Tout comprendre à la guerre en Syrie
La Jordanie a elle aussi appelé dans la nuit de vendredi à samedi ses citoyens à quitter la Syrie voisine « le plus tôt possible » et ce, au lendemain de la fermeture par Amman du seul point de passage opérationnel entre les deux pays. L’Iran, soutien indéfectible du président syrien Bachar al-Assad, a estimé ce samedi qu’un « dialogue politique » était nécessaire entre gouvernement syrien et opposition. Quant au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé cette semaine Assad à « se réconcilier avec son peuple », a « souhaité » que « l’avancée des rebelles se poursuive sans incident », sans omettre de citer ouvertement leur « objectif, Damas », siège du pouvoir syrien.