Communiqué de Osman Kavala au seuil de sa huitième d’année d’emprisonnement

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« Je viens d’achever ma septième année d’emprisonnement. Pendant cette période, j’ai été soumis à un procès qui a ignoré la présomption d’innocence. Des allégations sans fondement et de fausses déclarations ont été utilisées.
En 2019, la Cour européenne des droits de l’homme a statué sur mon cas et a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve attestant de ma participation à une activité criminelle quelconque. Après avoir été acquitté au procès Gezi pour la même raison, l’influence de la politique sur le pouvoir judiciaire s’est accrue.

Pour ne pas avoir à appliquer l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme et pour annuler les acquittements que cet arrêt impliquait, les lois ont été ouvertement manipulées. Une accusation d’espionnage a été fabriquée de toutes pièces et en violation des définitions légales. Ainsi, ai-je été condamné à la peine la plus lourde (….) Quatre autres personnes arrêtées pour le soulèvement Gezi ont été condamnées à 18 ans de prison avec la même approche. Lorsque ces condamnations ont été confirmées par la Cour de cassation, j’ai réalisé que les membres du pouvoir judiciaire s’autorisaient à punir toutes personnes en opposition, tout en sachant pertinemment que ces personnes n’avaient commis aucun délit.


Cette accusation a également été instrumentalisée à des fins politiques. Des pratiques ont été encouragées qui dévalorisent les droits humains et la vie de ceux que le pouvoir frappe d' »altérité ». Ainsi, j’ai été empêché de poursuivre le travail que nous menons depuis des années au sein de la société civile et qui contribue, à mon sens, à une culture de la paix et de la réconciliation.

Je pense que l’absence manifeste de valeur attribuée à la vie humaine au sein du système judiciaire reflète l’érosion des valeurs éthiques fondamentales. Cette absence s’est exprimée lors de nombreux incidents et a suscité l’indignation du public.
Ces années qui ont suivi mes soixante ans je les j’ai passées en prison alors que j’aurais pu être en activité. Je n’ai pu partager la vie de mon épouse, de ma mère et de mes proches.

En prison, pour continuer à me sentir citoyen, j’ai partagé avec le public traitements illégaux dont j’ai été victime et témoin, et j’ai essayé d’assumer ma responsabilité d’alerteur.

Je me console en constatant que le parc Gezi qui m’a permis, dès mon enfance, de connaître les arbres et d’apprendre à partager l’espace public avec les autres, est resté un lieu au service des citoyens de tous âges et de toutes classes sociales.
Mais ce qui me consolera vraiment, c’est de voir évoluer l’État de droit dans mon pays. Je crois que cela arrivera et que je pourrai enfin vraiment respirer en liberté. »

Osman Kavala,le 1è novembre 2024

Traduit du turc par l’Observatoire de la Turquie contemporaine

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