La Turquie interdit toute nouvelle inscription dans les écoles françaises /LE MONDE

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Ankara réclame l’ouverture dans l’Hexagone d’écoles turques reconnues par l’Etat français.

LE MONDE, le 10 août 2024

La Turquie a interdit avec effet immédiat toute nouvelle inscription dans les classes de maternelle et de première année de primaire des écoles françaises du pays. Le ministère de l’éducation a annoncé, samedi 10 août, qu’au terme d’un accord intérimaire conclu après « de longues négociations (…) aucun nouvel étudiant turc ne sera inscrit dans les écoles mentionnées jusqu’à ce qu’un accord international prévoyant un statut juridique soit conclu ».

Un litige sur le statut des écoles françaises en Turquie oppose Ankara et Paris. Au cœur du désaccord, une exigence rémanente de « réciprocité » de la part de la Turquie, qui demande à pouvoir ouvrir en France des écoles turques reconnues par l’Etat français.

« Dans ce contexte, aucun nouvel élève turc ne sera inscrit dans les classes de maternelle et de première année des écoles primaires Charles-de-Gaule [à Ankara] et Pierre-Loti [à Istanbul] », écrit-il dans un communiqué. Le ministère précise que la mesure prend effet rétroactif « à partir du 1er janvier 2024, pour couvrir l’année scolaire 2024-2025 et au-delà. De même, aucun nouvel élève ne sera admis dans les classes intermédiaires ».

Dans un communiqué posté sur son site Internet, l’ambassade de France à Ankara explique que « les autorités turques demandent un certain nombre d’aménagements » et assure que « les négociations reprendront à la rentrée afin de trouver un accord durable » de coopération en matière éducative.

Surveillance des programmes

Après des « mois de négociations », selon l’ambassade de France à Ankara, le ton était subitement monté à la mi-juillet avec le ministre de l’éducation, Yusuf Tekin, qui avait dénoncé « l’arrogance » de la France. « Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un Etat souverain. Vous devez donc agir selon nos conditions si vous voulez enseigner ici », avait-il mis en garde.

« Qu’on donne un statut légitime à ces écoles [françaises]. En contrepartie, nous aurons certaines demandes pour les citoyens turcs en France », avait d’ailleurs déclaré le ministre. Il insistait en particulier sur « les cours de langue et de civilisation turques » pour les élèves de la diaspora en France, affirmant que Paris « bloquait » sur ce point.

ar ailleurs, le ministère explique qu’un « accord global de coopération éducative, incluant l’enseignement du turc pour les étudiants turcs résidant en France » est en cours de négociations, et appelle à « poursuivre les négociations pour le finaliser dans les plus brefs délais ».

En attendant, les écoles françaises de Turquie se retrouvent de facto sous tutelle.

« La liste des élèves turcs scolarisés et les informations sur les écoles labellisées par l’Agence française pour l’enseignement à l’étranger (AEFE) seront remises à notre ministère avant la rentrée prochaine », précise également le ministère.

« Jusqu’à ce que ces écoles obtiennent » un statut légal, les cours de langue turque, culture turque, littérature turque, histoire et géographie turques « ne pourront être dispensés que par des enseignants citoyens de la République de Turquie nommés par notre ministère », ajoute-t-il. Il prévient en outre que les programmes et contenus de ces écoles « seront surveillés et inspectés par les fonctionnaires » du ministère et de l’Etat turcs.

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Les élèves déjà scolarisés dans les écoles et les lycées français pourront y poursuivre leur scolarité mais, à terme, l’interdiction d’admettre des citoyens turcs dans ces établissements réduirait drastiquement leur nombre d’élèves et les mettrait en péril.

Un courrier d’information a commencé d’être adressé aux parents d’élèves concernés, avec les changements de programme réclamés par le gouvernement turc pour les élèves turcs et binationaux.

Le président Recep Tayyip Erdogan a présenté début juin un nouveau programme scolaire vantant la famille et l’ordre moral, malgré la contestation des syndicats d’enseignants qui lui reprochent d’islamiser l’éducation au détriment des langues étrangères et des cours de science.

Le Monde avec AFP

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