En Turquie, où le débat démocratique est désormais réduit à peau de chagrin, le président Recep Tayyip Erdogan et le leader de l’opposition Özgür Özel se sont rencontrés jeudi 2 mai, pour un entretien d’une heure et demie. Une première depuis 2016. Fort d’une victoire inattendue aux municipales du 31 mars, le chef du parti du CHP bénéficie de la confiance de la majorité de l’électorat.
RFI, le 3 mai 2024, par Céline Pierre-Magnani
L’exercice est si rare que le protocole en aurait presque oublié les règles. Le président Recep Tayyip Erdogan a finalement accepté de rencontrer Özgür Özel, chef de l’opposition élu à la tête du CHP à l’automne 2023.
Dans le jeu du président turc : un projet de réforme constitutionnelle qu’il évoque depuis plusieurs mois, une initiative du gouvernement qui intervient sept ans seulement après la dernière réforme constitutionnelle de 2017.
Entérinée par référendum, cette dernière avait vu le régime turc passer d’un système parlementaire à un système présidentiel, aux fonctions resserrées autour de l’exécutif.
Özgür Özel s’est quant à lui présenté au quartier général du parti AKP avec une longue liste de doléances : l’économie d’abord, les violations de l’État de droit ensuite, la position de la Turquie à l’échelle internationale, mais également l’endettement des municipalités reconquises par son mouvement.
Peu d’informations ont filtré à la sortie de l’entretien. Il se serait déroulé dans une atmosphère « positive ». Contre toutes attentes, le président s’est proposé de se rendre à son tour au quartier général du CHP pour une deuxième entrevue prochainement.