Pour tenter de rendre les arbres plus résistants au dérèglement climatique, la Turquie et la France ont engagé une collaboration entre scientifiques et offices des forêts.
France Info, le 22 mars 2024, par Marie-Pierre Vérot
Comment sauver les arbres, poumons de la planète ? Une collaboration a été engagée entre scientifiques français et turcs et entre les offices des forêts des deux pays. Des échanges de semences pour travailler sur l’adaptation des arbres au dérèglement climatique et tenter de les rendre plus résistants.
C’est un terrain d’un peu moins d’un hectare au cœur de la forêt d’Eskisehir en Anatolie centrale, on y travaille sur la résilience des forêts confrontées au dérèglement climatique. Zeren Erik, de l’Agence française de développement, partenaire du projet, explique la démarche. « La Turquie et la France partagent des défis communs. Par exemple, les incendies qui durent plus longtemps et qui sont plus fréquents et ainsi que les saisons sèches, dit-il. Nous partageons aussi la zone climatique de Méditerranée et donc les types de forêts se ressemblent en Turquie et en France. Ce site est un laboratoire vivant pour la France, pour que les forêts françaises puissent survivre au changement climatique. »
« Si cette espèce de chêne prend ici, elle prendra aussi en France »
Le climat qui prévaut ici ressemble à celui que devrait connaître notre pays à l’horizon 2050. La France a donc expédié des pousses de chênes pour comprendre ce qui attend ses forêts. Chênes du Morvan, de Vachères dans les Alpes-de-Haute-Provence ou de la région de la Loire. Si l’on regarde l’étendue un peu désolée devant nous, il y a de quoi nourrir quelques inquiétudes. Difficile d’apercevoir les chênes français. Cemal Karakurt, ingénieur forestier, attire toutefois notre attention sur une petite pousse de quelques dizaines de centimètres. « Si cette espèce, ce chêne du Morvan prend ici, elle prendra aussi en France. Ici elle a montré une grande résilience, assure-t-il. Elle est capable de croître dans son milieu naturel mais aussi dans un terrain étranger. Elle s’adapte facilement, la preuve elle a résisté ici alors qu’il pleut beaucoup moins qu’en France, 280 mm contre 400. Elle pourra donc survivre en France et ailleurs. »
Turgay Ezen, qui dirige le projet, se dit d’ailleurs très satisfait du taux de survie des arbres français. Il faut maintenant, dit-il, travailler sur les stratégies d’adaptation de ces arbres. C’est là que la génétique entre en scène : « Auparavant le changement climatique s’étalait sur de plus longues périodes, les arbres avaient le temps de s’adapter mais avec un changement si important sur 40 à 50 ans, leur adaptation sera très difficile sans l’aide de l’homme. » Il a donc entrepris d’aider la forêt à inventer les arbres de demain.