Le lancement du projet qui illustre les ambitions du constructeur turc Bayraktar, dirigé par un proche du président Erdogan, et la coopération technologique et militaire entre Kiev et Ankara pourraient déclencher l’ire de Moscou. Les autorités turques espèrent pourtant maintenir de bonnes relations avec la Russie.
Courrier International, le 14 février 2024
C’est la concrétisation d’un projet qui remonte à plusieurs années, lancé avant le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. Haluk Bayraktar, PDG du groupe Baykar, fabricant les drones armés turcs, a annoncé le lancement du chantier d’un site de production en Ukraine, rapporte The Independent Türkçe. L’usine, qui devrait être achevée dans un an, emploiera jusqu’à 500 personnes et assurera la production de 120 drones chaque année. Surtout, elle permettra à la firme turque de bénéficier des capacités et du savoir-faire de l’industrie de défense ukrainienne, notamment en matière de construction des moteurs de ces engins.
C’est la concrétisation d’un projet qui remonte à plusieurs années, lancé avant le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. Haluk Bayraktar, PDG du groupe Baykar, fabricant les drones armés turcs, a annoncé le lancement du chantier d’un site de production en Ukraine, rapporte The Independent Türkçe. L’usine, qui devrait être achevée dans un an, emploiera jusqu’à 500 personnes et assurera la production de 120 drones chaque année. Surtout, elle permettra à la firme turque de bénéficier des capacités et du savoir-faire de l’industrie de défense ukrainienne, notamment en matière de construction des moteurs de ces engins.
Célébrés au début de la guerre en Ukraine
Ankara prend garde de maintenir de bonnes relations avec Moscou comme avec Kiev, un périlleux exercice de funambulisme qui se poursuit sans accident depuis le début du conflit. Le 12 janvier, Vladimir Poutine était même attendu pour une visite officielle en Turquie. Une première visite dans un pays de l’Otan depuis le début des hostilités qui aurait été très symbolique, mais qui, au dernier moment, a été reportée au mois d’avril.
Les drones turcs préalablement achetés par Kiev ont été largement utilisés lors des premiers mois du conflit, notamment pour frapper la flotte russe en mer Noire ou les colonnes de chars progressant vers Kiev sans couverture aérienne. Les dégâts infligés par ces drones, filmés par des caméras embarquées, ont été abondamment relayés par les autorités ukrainiennes, faisant de ces engins de véritables stars du conflit, auxquels une chanson a même été dédiée.
Selçuk Bayraktar, gendre et dauphin d’Erdogan
Développés par la Turquie pour lutter contre la guérilla kurde du PKK, ces drones se sont illustrés sur de nombreux théâtres de guerre, du Moyen-Orient au Caucase. Ils sont depuis vendus aux quatre coins du monde, et aujourd’hui déployés dans de récentes missions de combat, notamment en Afrique – au Mali, en Éthiopie et en Somalie.
Les drones turcs ont fait la fortune du président du conseil d’administration de l’entreprise Bayraktar, Selçuk Bayraktar, qui est aussi le gendre du président Recep Tayyip Erdogan. Il est ainsi devenu le recordman de l’impôt sur le revenu du pays, après s’être acquitté de plus de 20 millions d’euros de prélèvements obligatoires, à la suite de l’explosion des exportations et des bénéfices de l’entreprise, nous informe l’hebdomadaire Gazete Oksijen.
De plus en plus présent dans l’espace public, menant une intense diplomatie parallèle avec de nombreux pays de la région et au-delà, il est de plus en plus considéré comme le dauphin du président turc. De nombreux médias locaux, à l’image du site d’information Gazete Duvar, rapportaient qu’il aurait peut-être aimé le voir concourir comme candidat de son parti pour Istanbul lors des élections municipales.