Le preneur d’otages, un ancien employé, a été arrêté sans violence au cours d’une brève opération des forces de l’ordre
Les otages retenus neuf heures, ce jeudi, dans une usine turque du groupe américain Procter & Gamble (P & G) par un homme armé disant agir « pour Gaza » ont été libérés sains et saufs, ont annoncé leurs proches à l’AFP.
Selon le gouverneur de la province de Kocaeli (nord-ouest) Seddar Yavuz, le preneur d’otages, un ancien employé, a été arrêté sans violence au cours d’une brève opération des forces de l’ordre. « Nos forces de sécurité ont mené leur opération lorsqu’il s’est rendu aux toilettes, sans blesser les otages », a-t-il expliqué aux journalistes sur place, précisant que l’assaillant ne s’était revendiqué d’aucun groupe politique ou militant.
« Dieu merci, ils tous sont sains et saufs »
Il réclamait la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza et l’ouverture du point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l’Egypte, a précisé le gouverneur. Les familles réunies aux abords du site ont confirmé à l’AFP que les sept otages, dont une jeune femme de 26 ans, étaient sains et saufs.
« Nous sommes très heureux après ces longues heures d’attente. Dieu merci, ils tous sont sains et saufs », a confié à l’AFP Fatma Dursun, tante d’un des otages. L’homme, qui détenait « deux armes » et « un dispositif » possiblement explosif, selon le gouverneur, avait fait irruption sur le site vers 14h30.
Selon une photo diffusée par l’une des otages sur son compte Instagram – vérifié par l’AFP –, il apparaissait le visage partiellement couvert par un keffieh palestinien, portant ce qui pouvait être des explosifs fixés sous la poitrine par du ruban adhésif et un pistolet dans la main droite. « Pour Gaza », indiquait un message bombé en rouge sur un mur derrière lui, sous deux drapeaux turc et palestinien se faisant face.
Les familles tenues à l’écart
« S’il fait ça pour la Palestine, qu’il aille se battre là-bas. Qu’est-ce que ma fille de 26 ans a à voir là-dedans ? », s’était insurgée auprès de l’AFP Çigdem Aydemir, la mère de cette jeune employée, entourée de proches anxieux patientant dans la nuit. « Il fait ça supposément pour l’Islam mais ce sont ceux comme lui qui font le plus de mal à l’Islam », avait aussi réagi Sedat Degirmenci, le beau-père d’un des otages.
Les familles, tenues à l’écart du site par un cordon policier, se sont plaintes au cours de ces heures d’attente du manque d’information de la part des autorités. Un porte-parole du fabricant américain de produits ménagers et d’hygiène Procter & Gamble avait précisé à l’AFP que l’usine de Gebze, à la périphérie est d’Istanbul, avait été « évacuée plus tôt dans la journée ». « Les travailleurs ont été évacués de l’usine P & G de Gebze ; sept ouvriers restent otages », avait également indiqué le syndicat Umut-Sen dans un message posté sur le réseau social X.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, l’un des dirigeants les plus critiques d’Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a dénoncé à plusieurs reprises le soutien des Etats-Unis à Israël, qu’il a qualifié d’Etat « terroriste » et « génocidaire ». Des appels au boycott de produits américains ont également été très relayés en Turquie depuis le début du conflit. Plusieurs restaurants McDonald’s et cafés Starbucks – qui opèrent sous licence turque – ont été vandalisés à travers le pays.
Manifestations
Début novembre, la police turque avait dû disperser à l’aide de gaz lacrymogènes un rassemblement pro-palestinien organisé devant une base militaire abritant des forces américaines, quelques heures avant une visite à Ankara du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Des foules de manifestants s’étaient également rassemblées dans les premiers jour du conflit devant l’ambassade des Etats-Unis à Ankara et son consulat à Istanbul. Des manifestations de soutien aux Palestiniens sont régulièrement organisées dans le pays.