Washington a accordé la vente de 40 F-16 cette nuit pour 23 milliards de dollars, dernière étape à l’accord de la Turquie pour l’entrée de la Suède dans l’Otan. Le Congrès américain s’y était fermement opposé. Il ne reste plus que la Hongrie pour valider définitivement l’adhésion du pays scandinave à l’Otan.
Le 27 janvier 2024, La Tribune
Cela faisait des mois que la Turquie réclamait ces avions, le pentagone a finalement donné son feu vert dans la nuit de vendredi à samedi. Le pays d’Erdogan recevra 40 avions de combat F-16 et d’équipements connexes à la Turquie dans le cadre d’une transaction estimée à 23 milliards de dollars. Cela fait suite à la ratification par la Turquie de l’adhésion de la Suède à l’Otan. La Grèce recevra également 40 avions F-35 pour un montant de 8 milliards de dollars.
Pendant plus d’un an, la Turquie a exigé plusieurs conditions pour l’entrée de la Suède dans l’Otan, l’accusant de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme terroristes par Ankara. Déjà, le pays scandinave devait revoir sa Constitution, ce qu’elle a fait en adoptant une nouvelle loi antiterroriste. Puis, la Turquie exigeait l’acquisition de ces F-16 de combat afin de moderniser sa force aérienne. L’accord de Washington pour cette vente restait donc la dernière pierre de l’entrée dans l’Otan de la Suède, huit mois après celle de la Finlande. Les deux pays avaient fait leur demande d’entrée dans l’organisation suite à l’invasion russe en Ukraine.
Blocage du Congrès américain
Pour valider la vente des avions de chasse, les Etats-Unis ont attendu que les instruments de ratification par la Turquie de l’adhésion suédoise à l’Otan soient physiquement déposés à Washington, a précisé un responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat, témoignant du caractère ultra-sensible des négociations qui ont prévalu à cet accord.
En tant que dépositaires du Traité de l’Atlantique nord, tous les instruments de ratification doivent être déposés dans la capitale fédérale, qui accueillera en juillet un sommet pour les 75 ans de l’Alliance atlantique.
Washington a par ailleurs mis du temps à accepter cet accord, les élus du Congrès américain bloquant le dossier et pointant du doigt du bilan négatif des droits de l’homme en Turquie et des tensions avec la Grèce. Le président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Ben Cardin, a fait part, dans un communiqué diffusé vendredi soir, de son accord pour la vente, soulignant n’avoir « pas pris cette décision à la légère ».
L’entrée dans l’Otan pas encore validée
Pour valider la ratification de l’entrée dans l’Otan de la Suède, les Etats-Unis ont mené une vaste campagne de persuasion en Turquie, mais aussi en Grèce, où le pays refusait la vente de ces avions de chasse en raison des différends territoriaux qui l’opposent depuis longtemps au pays d’Erdogan dans la région de la Méditerranée orientale, riche en ressources énergétiques. Pour apaiser les tensions, Washington avait donc promis des avions de chasse à la Grèce également, si elle permettait la bonne tenue de l’accord.
Mais tout n’est pas fini. La Suède doit encore attendre la validation de la Hongrie, alors que le pays avait déclaré ne pas vouloir être le dernier à accepter cette entrée.
« Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a une fois de plus montré qu’il était le membre le moins fiable de l’Otan », a déploré le sénateur Ben Cardin.
À Washington, on dit s’attendre à ce que cela prenne encore quelques semaines, mais que la Hongrie s’est engagée à aller de l’avant, ce qui permet d’envisager une cérémonie de levée de drapeaux lors d’une prochaine ministérielle de l’Otan, à son siège de Bruxelles en avril.