Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, la Turquie est sur les radars de ses alliés occidentaux, qui scrutent ses échanges économiques avec la Russie. Seul pays de l’Otan à ne pas appliquer les sanctions, la Turquie est en effet devenue l’une des principales portes d’entrée des marchandises destinées au territoire russe, avec une forte hausse des exportations depuis 2022. Mais depuis fin décembre, certains établissements bancaires turcs limitent, voire bloqueraient, les transactions en provenance de Russie.
Les exportateurs turcs ont de plus en plus de mal à recevoir les paiements de leurs clients russes. Dans une interview au site en langue turque du média d’État russe Sputnik, l’ambassadeur de Russie à Ankara confirme que « certaines banques turques » refusent désormais les transactions en provenance de sociétés russes.
Ces banques invoquent, selon lui, les sanctions occidentales pour justifier ce durcissement. L’Assemblée des exportateurs turcs (TIM) parle d’un « ralentissement » lié à des vérifications de fin d’année et prévoit une amélioration le mois prochain. L’ambassadeur russe, pour sa part, fait état de « contacts intenses » avec les autorités turques.
La Turquie a toujours refusé d’imposer des sanctions à la Russie. Les échanges commerciaux ont même nettement augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine. Selon les chiffres officiels turcs, les exportations vers la Russie ont bondi de 62% en valeur en 2022, et la hausse s’est poursuivie l’an dernier. Cela concerne notamment les marchandises à double usage, telles que les lave-vaisselle, qui aident à alimenter la machine de guerre du Kremlin. Cette situation provoque l’agacement des alliés occidentaux de la Turquie, qui l’accusent à mots couverts d’être devenue l’une des plaques tournantes du contournement des sanctions.