Ce tarif s’impose également aux musulmans non-Turcs souhaitant y prier.
Le 15 janvier 2024, Le Parisien
L’ex-basilique byzantine Sainte-Sophie, l’un des monuments emblématiques d’Istanbul transformé en mosquée en juillet 2020, impose depuis lundi un droit d’entrée de 25 euros aux visiteurs étrangers, même aux fidèles désireux de prier.
Les nouveaux droits d’entrée sont clairement exposés sur l’esplanade devant l’entrée principale, réservée aux seuls citoyens turcs : une pancarte orange renvoie les étrangers vers une entrée latérale et huit guichets alignés.
Cette entrée, comparée dans la presse turque à « une entrée de garage » avec son volet roulant et ses portiques de sécurité, donne accès à un tunnel ouvert sous le minaret de Beyazit grâce auquel les visiteurs peuvent admirer Sainte-Sophie sans troubler les prières.
Un nouveau plan de gestion des visiteurs
Sans doute pris de court, rares sont les visiteurs qui se présentaient lundi pour acquitter les 25 euros de droit d’entrée. « C’était gratuit hier… ils sont surpris », reconnaît un jeune officiel chargé d’orienter les passants, sous couvert d’anonymat. Le jeune homme confirme que les pèlerins musulmans, s’ils sont de nationalité étrangère mais désireux de prier à Sainte-Sophie, doivent s’acquitter des droits d’entrée comme les simples touristes.
Le billet d’entrée donne accès à la galerie à l’étage et à son musée, souligne-t-il en faisant valoir la nécessité d’entreprendre de lourds travaux dans la basilique construite au IVe siècle, puis rebâtie par l’empereur byzantin Justinien au VIè.
Cette décision correspond à un nouveau plan de gestion des visiteurs, sur recommandation de l’Unesco, avait prévenu cet automne le ministre de la Culture et du Tourisme, Mehmet Nuri Ersoy.
Le monument est redevenu une mosquée en 2020
Transformée une première fois en mosquée lors de la prise de Constantinople, Sainte-Sophie, classée au patrimoine de l’humanité, était devenue un musée par la volonté du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, en 1934 avant de redevenir une mosquée le 10 juillet 2020 sur décision du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
Depuis, les longues files d’attente qui s’enroule devant le monument témoignent de son attrait croissant. Un succès rendu responsable d’avoir causé des dégradations et même du vandalisme sur la porte impériale en bois, de 7 m de haut, faute de mesures de protection adéquates.
Des historiens ont estimé que le monument est moins respecté en tant que basilique qu’il ne l’était comme musée. Mais sans que la fréquentation n’y soit pour rien, Sainte-Sophie et son dôme principal sont également victimes des innombrables séismes subis par Constantinople et Istanbul et des secousses fréquentes qui continuent d’ébranler le vénérable édifice.