Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé ce samedi l’Union européenne de chercher à se détourner de son pays, alors que les négociations d’adhésion entamées en 2005 sont au point mort depuis des années. Erdogan a même évoqué l’éventualité d’un abandon de cet objectif de la part de la Turquie.
Ce n’est pas la première fois que Recep Tayyip Erdogan met l’Union européenne au défi d’enterrer les négociations d’adhésion avec la Turquie. Mais avant ce samedi 16 septembre, jamais il n’avait menacé aussi clairement d’y mettre fin lui-même, en accusant l’UE de s’éloigner de la Turquie.
« L’UE cherche à se couper de la Turquie […] Nous conduirons notre propre évaluation et nous pourrions nous séparer de l’UE si besoin », a déclaré le président turc. Il était alors interrogé au sujet du dernier rapport du Parlement européen, paru en début de semaine, qui a estimé une fois de plus que le processus d’adhésion ne pouvait pas reprendre dans les circonstances actuelles.
« Les négociations d’adhésion sont actuellement au point mort. Pour qu’elles reprennent, il y a des critères très clairs […] qui devront être pris en compte, liés à la démocratie et à l’État de droit », avait prévenu le commissaire hongrois, Oliver Varhelyi, en visite à Ankara le 6 septembre dernier.
Des menaces à prendre au sérieux ?
Si elles n’étonnent pas de la part du président turc, ces déclarations interviennent toutefois dans une période où la Turquie essaye plutôt de relancer sa candidature, rappelle la correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Depuis sa réélection en mai, Tayyip Erdogan a affirmé plusieurs fois que l’adhésion – demandée depuis 60 ans – restait l’objectif de son pays.
Il est encore tôt pour dire si ces propos préfigurent une rupture stratégique entre la Turquie et l’UE, ou s’il s’agit d’un « coup de bluff » de Tayyip Erdogan pour pousser les Européens à prendre une décision, ou à avancer sur d’autres sujets de tension avec la Turquie, comme celui des visas Schengen.
La Turquie, toujours officiellement candidate à l’UE, a déposé sa candidature en 1987 à la Communauté économique européenne et en 1999 à l’Union européenne, mais les négociations d’adhésion entamées en 2005 sont à l’arrêt depuis plusieurs années.