Sous l’impulsion du nouveau ministre de l’Économie, la Banque centrale turque a relevé ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation et la dévaluation de sa monnaie. Si ce revirement est salué par la Banque mondiale, qui va accorder un prêt important au pays, il sonne comme un reniement de la politique menée par le président Erdogan depuis plusieurs années.
Courrier International, 16 septembre 2023
Le revirement de la politique économique et monétaire turque entamé depuis quelques mois semble plaire aux institutions internationales. Début septembre, la Banque mondiale a ainsi annoncé accorder un prêt de 18 milliards à Ankara, dont les deux tiers devraient être consacrés à soutenir le secteur privé, rapporte le média en ligne Diken.
Une annonce bienvenue pour l’économie du pays, en crise depuis plusieurs années et qui vient saluer la politique mise en œuvre par le nouveau ministre de l’Économie, Mehmet Simsek. Ce dernier a été nommé en juin à la suite de la réélection du président, Recep Tayyip Erdogan.
Sa politique de hausse des taux d’intérêt, afin de lutter contre l’inflation, a été applaudie par le directeur du programme Turquie de la Banque mondiale : “Nous pensons qu’il s’agit là d’un pas dans la bonne direction”, a ainsi déclaré Humberto López, cité par le quotidien Türkiye.
Remettre en cause le népotisme et la kleptocratie
Le satisfecit de la Banque mondiale est aussi partagé par les agences de notation financière internationales, Moody’s soulignant le 8 septembre des “évolutions positives”, rapporte le quotidien Habertürk. Le lendemain, l’agence Fitch a quant à elle décidé d’améliorer la note de la dette souveraine turque, applaudit Hürriyet.
Le site Gazete Duvar émet néanmoins des doutes sur l’avenir et souligne la difficulté qu’aura le nouveau ministre à juguler l’inflation face à la montée inexorable du dollar et de l’euro. Pour le média d’opposition, l’attraction d’investisseurs étrangers indispensables à la reprise économique dépend surtout d’un retour de la démocratie et de la mise en place de plans de réformes structurels : “Mais il semble que le pouvoir actuel ne dispose pas du personnel compétent pour cela et surtout refuse de remettre en cause le népotisme et la kleptocratie sur lesquels il est bâti”, juge le titre, qui parie qu’Ankara lancera un appel à l’aide au Fonds monétaire international (FMI) en 2024.