Réunis en sommet à partir du 11 juillet à Vilnius, en Lituanie, les dirigeants de l’Otan espèrent acter l’adhésion prochaine de la Suède. Mais un État membre, la Turquie, continue de bloquer le processus. À Vilnius, ce lundi 10 juillet, Recep Tayyip Erdogan doit s’entretenir avec le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, pour tenter de débloquer la situation. Mais le président turc négocie âprement son soutien déclare Anne Andlauer sur RFI le 10 juillet 2023.
Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan de ces derniers jours sur l’entrée de la Suède dans l’Otan ne sont pas beaucoup plus encourageantes que celles d’il y a un an… Le président turc continue d’accuser la Suède de protéger des terroristes, notamment en laissant des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) manifester, recruter et collecter des fonds dans le pays. Il exige des dizaines d’extraditions de citoyens turcs.
La Suède a fait des concessions, mais le président turc ne s’en satisfait pas. Il marchande autant qu’il le peut. Recep Tayyip Erdogan est connu pour ses voltefaces et pour son habitude à signer des accords de dernière minute. Une levée de son veto est donc envisageable. Après avoir tenu tête pendant plus d’un an à Stockholm et à ses alliés, le président turc ne cédera que s’il peut présenter son feu vert comme une victoire diplomatique.
La Turquie, un allié difficile
Ce marchandage fait le jeu de Moscou, mais n’empêche pas Recep Tayyip Erdogan de prendre des décisions qui irritent son homologue russe, Vladimir Poutine. Samedi 8 juillet, il a ainsi autorisé le rapatriement en Ukraine de plusieurs commandants du régiment Azov, qui étaient censés rester en Turquie jusqu’à la fin de la guerre.
Cet épisode illustre bien le grand écart permanent de Recep Tayyip Erdogan entre l’Ukraine et la Russie et entre l’Otan et la Russie. Avec le président turc, les États de l’Otan doivent sans cesse composer avec un allié difficile, mais incontournable.
Une lueur d’espoir renait à Stockholm
C’est un peu la réunion de la dernière chance : à J -1 du Sommet de l’Otan à Vilnius, le président turc va rencontrer le Premier ministre suédois. Une réunion qui s’est ajoutée au programme, après des mois de tensions diplomatiques, et lors de laquelle la Suède espère convaincre le président Erdogan de lever son veto. D’autant que le président turc a admis dimanche que le pays nordique avait fait « des pas dans la bonne direction » pour lutter contre le PKK, même s’ils restaient insuffisants, selon lui. À Stockholm, une lueur d’espoir renait, mais la prudence est désormais de rigueur, rapporte notre correspondante Carlotta Morteo.
La dernière fois qu’ils se sont vus, c’était en novembre, à Ankara. Alors, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, tout juste nommé à la tête d’un nouveau gouvernement de droite, pensait que l’adhésion à l’Otan serait une affaire vite réglée. Mais sa rencontre avec Recep Tayyip Erdogan avait été, au bas mot, une douche froide, voire une humiliation.
Depuis, les manifestations anti-Erdogan à Stockholm et les épisodes des Corans brûlés ont gelé tout espoir, mais l’agenda diplomatique s’est accéléré ces derniers jours et Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, était visiblement optimiste jeudi dernier 6 juillet à la sortie d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères suédois et turc.
À Stockholm, la prudence reste de mise et le mot d’ordre est « la Suède a répondu à tous ses engagements », tout ce qui a été négocié dans l’accord tripartite signé l’an dernier à Madrid a été fait : l’embargo sur la livraison d’armes à la Turquie a été levé, la justice étudie au cas par cas, les demandes d’extradition, et la loi anti-terroriste a été durcie, elle commence même à porter ses fruits.
La balle est dans le camp de la Turquie : c’est la défense du nord de l’Europe qui est en jeu pour l’Otan. Adhésion de la Suède à l’Otan: la Turquie marchande avant l’ouverture du sommet