Des mesures «douloureuses» comme la hausse des taux d’intérêt sont nécessaires pour stabiliser l’économie turque a affirmé mardi un allié du président turc Recep Tayyip Erdogan à deux jours de la décision de la Banque centrale le 22 juin prochain. «Notre point de vue concernant les taux d’intérêt est connu et n’a pas changé. La hausse des taux est un choix politique qui nuit à la production. Mais il y a des mesures de court terme et parfois douloureuses que la Turquie doit prendre pour atteindre la stabilité économique», ont affirmé le leader du parti de l’Action nationaliste et le partenaire de coalition du chef de l’État turc, Devlet Bahceli. Le Figaro rapport du 20 juin 2023.
Recep Tayyip Erdogan avait la semaine dernière laissé entendre que la Banque centrale turque pourrait relever son taux directeur afin d’endiguer l’inflation, malgré son opposition répétée aux taux d’intérêt élevés. La décision de la Banque centrale est attendue le 22 juin. «Tolérer ce fardeau devient inévitable», a ajouté Devlet Bahceli. À rebours des théories économiques classiques, Recep Tayyip Erdogan, réélu fin mai pour un troisième mandat, estime que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation, qui atteint toujours près de 40% sur un an en Turquie selon les chiffres officiels, plus de 100% selon des économistes indépendants. Recep Tayyip Erdogan avait contraint ces dernières années la banque centrale turque à abaisser à de nombreuses reprises son taux directeur, contribuant à la chute de la livre turque, qui a perdu plus de 80% de sa valeur par rapport au dollar en cinq ans.
Mais le chef de l’État a donné des signes d’un possible retour à des politiques plus conventionnelles depuis sa réélection, en nommant notamment un ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch, Mehmet Simsek, au ministère de l’Économie, et une ancienne cadre de Wall Street, Hafize Gaye Erkan, à la tête de la banque centrale. Les analystes estiment qu’une forte hausse du taux directeur, actuellement stable à 8,5% depuis fin février, pourrait aider à redresser l’économie turque. Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois invoqué dans le passé les préceptes de l’islam, qui interdit l’usure, et affirme que les taux d’intérêt élevés sont promus par un «lobby» étranger.