Après un entretien avec Erdogan, Jens Stoltenberg a annoncé son voyage prochain pour plaider en faveur de l’adhésion de Stockholm. Par Le Figaro du 1 juin 2023.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a annoncé jeudi 1er juin à Oslo un déplacement à Ankara «dans un proche avenir» pour tenter de lever les derniers obstacles à l’adhésion de la Suède.
«Je me suis entretenu avec le président Erdogan au début de la semaine et je vais me rendre à Ankara dans un avenir proche» pour plaider l’adhésion, afin que «la Suède devienne membre de l’Alliance aussi vite que possible», a-t-il précisé au début d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan. La date de la visite n’a pas encore été décidée. Elle aura lieu à l’invitation du président turc Recep Tayyip Erdogan, a ensuite précisé Jens Stoltenberg.
Engagements tenus
La Turquie est, avec la Hongrie, l’un des deux seuls des 31 pays de l’Otan à n’avoir pas encore ratifié une adhésion suédoise. Réélu dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan bloque la candidature suédoise, reprochant à Stockholm d’abriter des personnalités de l’opposition turque ayant des liens présumés avec des militants kurdes interdits.
Remplissant une exigence clef d’Ankara, le Parlement suédois a adopté une nouvelle loi interdisant les activités liées à des groupes extrémistes, renforçant ainsi sa législation sur le terrorisme. La législation entre en vigueur ce jeudi. «Je suis confiant que la Hongrie ratifiera aussi le protocole d’accession», a aussi affirmé Jens Stoltenberg.
Jeudi à Oslo, le chef de la diplomatie suédoise a estimé que son pays remplissait toutes les conditions d’une adhésion à l’Otan et appelé la Turquie et la Hongrie à lever leur opposition.«La Suède a tenu tous les engagements que nous avons pris au sommet de Madrid l’an dernier, y compris une nouvelle législation sur le terrorisme», a déclaré Tobias Billström. «Le temps est venu pour la Turquie et la Hongrie de commencer à ratifier l’adhésion de la Suède à l’Otan».
«C’est un marathon»
La Finlande, elle, est formellement devenue le 31e membre de l’Alliance le 4 avril. «Ça n’a jamais été un sprint, c’est un marathon et nous en voyons maintenant la fin», a affirmé Tobias Billström. Le soutien à une adhésion est aujourd’hui à un niveau record dans le pays scandinave: 65% des personnes interrogées s’y disent favorables, selon un sondage paru jeudi, contre 60% en décembre. De nombreux ministres présents à Oslo ont exprimé le souhait qu’une décision sur l’adhésion suédoise puisse avoir lieu avant le sommet de l’Otan à Vilnius les 11 et 12 juillet, une hypothèse que M. Stoltenberg a qualifiée d’«absolument possible» mardi.
«Nous aimerions que la Suède puisse nous rejoindre comme un membre plein et entier, pas seulement comme pays observateur comme elle le sera aujourd’hui, à Vilnius», a déclaré la Française Catherine Colonna. «Une adhésion suédoise renforcera aussi la sécurité de la Turquie et de la Hongrie», a fait valoir son homologue norvégienne Anniken Huitfeldt, hôte de la réunion.
Incident à Ankara
L’examen de cette question devrait toutefois pâtir de l’absence dans la capitale norvégienne du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, officiellement retenu à Ankara par la constitution du nouveau Parlement.
Un nouvel incident est venu rappeler la fragilité de la candidature suédoise: un groupe pro-kurde a diffusé en début de semaine une vidéo sur les réseaux sociaux montrant la projection sur le Parlement suédois d’un drapeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) honni d’Ankara. La Turquie a condamné une action «inacceptable» et demandé à Stockholm d’empêcher une manifestation de militants proches du PKK et des groupes armés kurdes en Syrie prévue dimanche dans la capitale suédoise.