L’opération a été menée dans vingt et une provinces turques, dont celle de Diyarbakir, à majorité kurde. Des avocats, des journalistes, des acteurs font partie des interpellés. Le Monde rapporte du 25 avril 2023.
A trois semaines d’élections cruciales pour la Turquie, au moins cent dix personnes ont été arrêtées mardi 25 avril dans le cadre d’une opération « antiterroriste » visant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a rapporté une source policière. L’opération a été menée dans vingt et une provinces du pays, dont celle de Diyarbakir (Sud-Est), à majorité kurde.
Selon l’Association du barreau de Diyarbakir, contactée par l’Agence France-Presse, « le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150 », dont au moins « une vingtaine d’avocats, cinq journalistes, trois acteurs de théâtre et un politicien », a-t-elle détaillé, soulignant que cette opération est inédite par son ampleur. Les avocats sont interdits de tout contact avec leurs clients pendant vingt-quatre heures, a précisé l’association.
Le président de l’Association du barreau de Diyarbakir, Nahit Eren, a dénoncé dans un communiqué « une tentative d’intimidation des électeurs kurdes ». « Nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’une opération indépendante déconnectée de l’agenda politique du pays. L’opération semble être une intimidation des électeurs kurdes » a-t-il affirmé.
Selon la chaîne de télévision publique TRT, les personnes arrêtées sont suspectées d’avoir financé le PKK, classé par Ankara et ses alliés occidentaux comme organisation terroriste et interdit dans le pays, ou d’avoir recruté de nouveaux membres. Des suspects auraient transféré de l’argent au PKK par l’intermédiaire de sociétés opérant depuis des municipalités gérées par le principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), affirme TRT.
Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé troisième avec 8,4 % des suffrages exprimés, est considéré comme le faiseur de roi du scrutin du 14 mai, qui s’annonce disputé.